Ces publications proviennent des sites de la CFE-CGC et de la CGT suite à la journée de mobilisation contre les retraites du 16 janvier.
Pour la CFE-CGC, la réforme reste opaque :
Face à un projet gouvernemental toujours aussi dangereux et flou, la CFE-CGC et ses structures ont de nouveau battu massivement le pavé hier à Paris et en province.
Au 43e jour de mobilisation contre la réforme des retraites, François Hommeril président de la CFE-CGC, et les militants et sympathisants CFE-CGC, ont défilé, jeudi 16 janvier, à Paris et en province. De nombreux cortèges réunissant l’intersyndicale (CFE-CGC, CGT, FO, FSU, Solidaires, FIDL, MNL, UNEF, UNL) ont, comme les 5 et 17 décembre 2019, et les 9 et 11 janvier 2020, réclamé le retrait du projet.
Une réforme injuste, motivée par des motifs financiers
Depuis de nombreuses semaines, la CFE-CGC pointe les dangers du projet. Elle insiste notamment sur :
- Les conséquences néfastes pour les femmes, grandes perdantes de la réforme,
- Les effets sur le montant des pensions de la prise en compte des salaires sur toute la carrière plutôt que sur les 25 meilleures années,
- Le déficit programmé qu’entraînera le changement de l’assiette de cotisation (3 milliards d’euros par an),
- Le maintien nécessaire du pilotage et de la gestion des régimes de retraite par les partenaires sociaux.
Malgré les réunions de concertation, les échanges et les propositions de la CFE-CGC pour faire évoluer le projet, rien n’a bougé : le gouvernement campe sur ses positions, alors que sous couvert de justice sociale, le projet répond à un objectif unique: faire baisser le poids des pensions dans le PIB.
La CFE-CGC demande une étude d’impact et le respect de la Constitution
Il n’y a aucun élément chiffré de la part du gouvernement qui vienne nous dire que l’on se trompe.
Les études et les chiffrages qui se succèdent montrent, sans équivoque, que le système qui va être mis en place est dangereux. Au final il va mettre en péril et peut-être faire disparaître les fondements du régime de retraite par répartition.
A une semaine du conseil des ministres qui devrait examiner le projet de loi, la CFE-CGC n’a toujours pas en sa possession les éléments qui lui permettraient de savoir combien la réforme va coûter, comment elle va être financée et quelles seront les populations les plus concernées…
François Hommeril a de nouveau demandé une étude d’impact : « C’est obligatoire, la loi l’exige. Or le gouvernement ne le fait pas. Ou pire encore, il l’a, mais refuse de nous donner les résultats. Parce que ces éléments ne feront que confirmer ce que nous disons. Il n’y a aucun élément chiffré de la part du gouvernement qui vienne nous dire que l’on se trompe. »
Que faire dans cette impasse ? « Nous allons demander l’application de la loi et de la Constitution pour que le gouvernement se justifie. »
Le gouvernement ne respecte pas les partenaires sociaux
Rien ne semble ébranler le gouvernement, dans sa décision d’aller jusqu’au bout du projet, faisant fi de l’opinion publique et des syndicats qui s’opposent au projet et pourtant majoritaires. « Il est inquiétant de constater que le pouvoir considère la majorité qui s’oppose à son opinion avec autant de dédain. Le gouvernement ne respecte pas les partenaires sociaux », a affirmé le président de la CFE-CGC.
Face à tant de rigidité et de communication biaisée, la CFE-CGC continuera de dénoncer ce projet tout au long du processus parlementaire auprès des députés et sénateurs.
Aux côtés de l’intersyndicale, elle appelle à faire du vendredi 24 janvier, date du conseil des ministres qui devrait examiner le projet de loi, une journée massive de grève et de manifestations interprofessionnelles.
La CGT rappelle le principe de solidarité :
De réforme en réforme (Balladur en 1993, Fillon en 2003, Touraine en 2014) notre système de retraite basé sur la solidarité a été dégradé. En allongeant la durée de cotisation et, de fait, la durée du travail, en diminuant les recettes, en refusant une réelle prise en compte des situations de pénibilité, nous sommes toutes et tous amenés à travailler plus.
En voulant détruire notre système de retraite par répartition pour le remplacer par un système de retraite par points et par capitalisation, le gouvernement s’attaque au principe de solidarité, qui jusque là garantissait une pension digne pour toutes et tous.
Sur quoi repose le système par répartition ?
La répartition repose en effet sur un système de solidarités entre les générations successives qui tour à tour cotisent obligatoirement pour les générations précédentes. Les cotisations prélevées sur les salaires sont immédiatement reversées aux retraités sous forme de pensions.
C’est donc un circuit de financement très sûr : les sommes cotisées ne transitent pas par les marchés financiers et échappent ainsi à ses aléas.
Qu’une partie de la richesse créée échappe ainsi aux intérêts privés et soit gérée par les travailleurs et travailleuses est insupportable pour le gouvernement Macron, qui souhaite ouvrir cette manne financière (314 milliards d’euros) aux assurances privées et aux marchés financiers.
La réforme à points est une rupture du contrat social conquis depuis 1945. « Il n’y aura pas de points gratuits », a ainsi déclaré Jean-Paul Delevoye.
Aujourd’hui, les périodes liées aux aléas de la vie ou d’inactivité subies (chômage, maladie, maternité, invalidité) entrent dans le décompte des trimestres. Demain, avec une retraite à points, ces périodes ne généreront plus de droits. Elles seraient en partie financées par l’impôt.
On passe ainsi de droits acquis et dus à tous, à des aides sociales pouvant être plafonnées ou soumises à conditions de ressources et fluctuer.
Les propositions de la CGT
Dans une société où les inégalités se sont accrues, les fondements solidaires de la Sécurité sociale sont plus que jamais à défendre.
À la CGT, nous proposons d’améliorer le système, en modifiant la répartition des richesses et en changeant de politique économique.
Quels seraient les piliers de cette politique ? Une solution consiste à augmenter les salaires et le taux de cotisation de 0,2 à 0,4 point par an.
Nous proposons aussi de créer une contribution sociale sur les revenus financiers distribués par les entreprises, à un taux équivalent aux cotisations employeurs sur les salaires. Cette contribution pourrait rapporter 30 milliards d’euros.
La lutte contre l’évasion fiscale et sociale estimée entre 60 et 80 milliards d’euros est aussi un levier important.
Enfin, il s’agirait de mettre en place une politique résolument tournée vers l’emploi, notamment en diminuant le temps de travail pour que chacune et chacun ait un emploi correctement rémunéré, ce qui créerait de nouvelles recettes pour la Sécurité sociale.
De telles solutions permettraient de garantir à chacune et chacun un départ à la retraite à 60 ans à taux plein avec un revenu de remplacement à 75 % du revenu net d’activité (calcul sur les 10 meilleures années ou les 6 derniers mois) ou au minimum le Smic à 1800 euros.