Retraites complémentaires: l’erreur historique de la CGT


L
ors de la première séance de négociation, la semaine dernière, la CGT avait donné le ton en tonitruant: l’accord en préparation organisait la baisse automatique des retraites. Donc, il ne fallait pas signer. Le communiqué de presse publié par la CGT à l’issue de la réunion ne laisse planer aucune ambiguïté sur l’absence finale de signature sur ce texte. 

L’obsession absurde de la CGT

L’opposition de la CGT à ce texte s’inscrit dans une sorte de stratégie négationniste chère à Philippe Martinez. Le secrétaire général de la confédération est contre tout, et même au-delà.  

Cette opposition qui n’est plus systématique mais systémique est d’autant plus incompréhensible qu’on peine à comprendre en faveur de quoi est aujourd’hui Philippe Martinez. Cette ligne a un parfum d’années 30, à l’époque où le PCF enchaînait purges sur purges pour obéir à Moscou. À cette différence près que Moscou n’est plus communiste et qu’on ne voit plus très bien quelle orthodoxie prolétarienne il faut continuer à défendre.  

Bref, la CGT propose d’équilibrer les régimes complémentaires en augmentant les cotisations patronales. Elle est contre tout le reste, ou presque (en particulier elle approuve la transformation de l’AGFF, inventée pour financer l’abaissement de l’âge de la retraite, en système permanent).  

L’erreur majeure de calcul

Ce faisant, la CGT rate une occasion historique de bouleverser à son avantage le syndicalisme français.  

Les organisations patronales avaient en effet proposé de modifier les règles de gouvernance en vigueur dans les régimes de retraite complémentaire. Pour se caler sur la réforme de la représentativité de 2008, elles avaient proposé d’indexer le nombre de sièges détenus dans les conseils d’administration sur l’audience des syndicats.  

Cette proposition, conforme à la position commune de 2008 que seules la CGT et la CFDT avaient signée, relevait du simple bon sens. Rien ne justifie que des syndicats ultra-minoritaires comme la CFTC pèsent autant que la CFDT ou la CGT. La CFDT semble avoir été décidée à suivre cette innovation polémique.  

En annonçant d’emblée son intention de ne pas signer, la CGT a condamné le monde patronal et la CFDT à abandonner cette idée. Pour que l’accord soit majoritaire en l’absence d’une adhésion de la CGT (et de FO), il lui faut en effet les signatures de la CFTC et de la CGC. Ceux-ci n’auraient pu se rallier à un texte minorant leur voix. 

Bref, l’opposition systémique de la CGT redonne du poids à la CGC et à la CFTC.  

Depuis Thibault, un recul redoutable

Dans la pratique, la ligne Martinez marque un fort recul stratégique de la CGT. Dans l’esprit de Thibault, la réforme de la représentativité constituait une belle opportunité pour polariser durablement le syndicalisme français autour de deux syndicats: la CFDT et la CGT. 

Cette ambition est morte avec Le Paon et enterrée avec Martinez. Qu’on ne s’étonne plus, dès lors, si le syndicalisme français s’étiole. Les organisations syndicales, et au premier chef les contestataires, en sont les premières responsables.  

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