L’examen par l’Assemblée Nationale du projet de réforme des retraites n’est décidément pas un long fleuve tranquille.
Après le dépôt de très nombreux amendements par le groupe “la France Insoumise” (LFI) et l’échec, notamment lié à ceci, de la commission spéciale d’examen du texte, une polémique vient d’éclater au sujet du passé professionnel de Jacques Maire, co-rapporteur LREM du projet de loi.
Un ancien d’Axa à la réforme des retraites ?
Mardi, sur Twitter, Mathilde Panot, députée LFI, s’est offusquée du fait que M. Maire fût co-rapporteur de la réforme des retraites. Elle l’a en effet décrit comme étant “un énarque qui est passé de la haute administration à la direction d’Axa – qui se réjouit de la réforme des retraites – pantouflard professionnel et médaillé d’or !” Elle s’est ensuite interrogée : “Vous avez dit intérêt général ?”.
Fils d’Edmond Maire, ancien secrétaire général de la CFDT ayant engagé la confédération sur la voie du syndicalisme modéré, Jacques Maire a lui-même été adhérent de la CFDT. Diplômé de l’IEP de Paris et énarque, membre du PS, il a réalisé la première partie de sa carrière professionnelle, de 1990 à 2002, dans la haute fonction publique – notamment dans les affaires étrangères puis les affaires sociales. Ensuite, il a rejoint Axa, occupant différents postes de 2002 à 2012. Après ce passage chez Axa, M. Maire a eu diverses fonctions, revenant notamment au Quai d’Orsay et collaborant avec le cabinet Vigéo – agence de notation sociale et environnementale fondée par Nicole Notat, ex-secrétaire générale de la CFDT – avant de devenir député LREM en 2017.
Des accusations non relayées hors de la LFI
Dans la foulée des propos de Mme Panot, le député LREM Guillaume Gouffier Cha, rapporteur général de la réforme des retraites, a vivement dénoncé la démarche de la députée LFI. Il a dénoncé des accusations “d’une malhonnêteté intellectuelle particulièrement forte” et des “sous-entendus grotesques”. Il a ensuite apporté tout son soutien à Jacques Maire. “Je tiens à saluer l’homme et la qualité de Jacques Maire qui a travaillé jusqu’en 2012 chez Axa puis est revenu au Quai d’Orsay, et qui ensuite a été dirigeant de Vigeo”.
L’opposition parlementaire n’a pas embrayé sur les accusations de Mathilde Panot. Pour LR, Eric Woerth a en effet déploré des “mises en cause personnelles” qui “dénaturent le travail parlementaire”. “Ca rejaillit en général sur les émetteurs de ce type de rumeurs et de soupçons insupportables” a-t-il poursuivi. Du côté du PS, là encore, on s’est montré prudent. Boris Vallaud s’est ainsi contenté d’affirmer à Jacques Maire que “chacun juge son travail sur le fond de la réforme, rien de plus”. Relevons, en tout cas, que lors de son passage chez Axa, M. Maire ne semble pas vraiment s’être occupé de questions liées à l’épargne retraite.