Depuis plusieurs semaines, le gouvernement laissait entendre que le report, au printemps prochain, de l’adoption de la réforme des retraites allait s’accompagner de la mise en oeuvre, dès l’an prochain, d’importantes mesures d’économies reposant sur un recul de l’âge de départ à la retraite.
D’après les Echos, il n’en serait finalement rien. Du moins pour 2020.
Un besoin de financement de 10 milliards d’euros
Ayant acté, pour diverses raisons plus ou moins fondamentales ou conjoncturelles, que la réforme des retraites n’aurait pas lieu avant le printemps prochain, le gouvernement s’activait, ces derniers temps, afin de trouver un autre moyen de réaliser dès l’an prochain des économies conséquentes dans le domaine de la politique des retraites. S’appuyant sur des chiffres du conseil d’orientation des retraites (COR), l’exécutif assure en effet que d’ici la mise en oeuvre effective de la réforme des retraites, en 2025, le besoin de financement du système de retraite atteint 10 milliards d’euros.
Deux solutions semblaient dès lors avoir la faveur gouvernementale : d’une part celle de l’instauration d’un bonus-malus destiné à décourager les salariés de partir à la retraite à l’âge de 62 ans et à les encourager à partir après 64 ans et d’autre part celle de l’accélération de l’augmentation de la durée de cotisation nécessaire à l’obtention d’une pension à taux plein. L’exécutif imaginait inscrire ces mesures au PLFSS 2020. Les syndicats de salariés, CFDT en tête, refusaient tout à fait une telle éventualité, menaçant d’une mobilisation sociale d’ampleur.
Recul gouvernemental (temporaire) sur les retraites
Faut-il justement y voir l’effet de ces déclarations syndicales musclées ? Hier soir, les Echos ont, en tout cas, annoncé que l’exécutif renonçait à prendre ces deux mesures pour 2020. Le quotidien économique cite ainsi un responsable public qui assure que “les échanges des dernières semaines, au niveau interministériel et de façon informelle avec les organisations syndicales, ont fait converger tout le monde” vers cette décision. Elle devrait être officialisée le 18 juillet prochain, à l’occasion de la remise au Premier ministre des préconisations du haut commissaire à la réforme des retraites Jean-Paul Delevoye.
S’il est probable que les responsables des organisations salariales – et en tout premier lieu, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT – ne manqueront pas de se réjouir de ce recul gouvernemental annoncé, il n’en demeure pas moins qu’il n’est sans nul doute que temporaire. Dans l’état actuel des choses, le gouvernement ne renoncerait pas à son objectif d’équilibrer les comptes globaux de la retraite à l’horizon 2025. Ceci signifie que, l’an prochain, dans le cadre ou non de l’élaboration de la réforme des retraites, les mêmes options d’économies que celles envisagées jusqu’alors pour 2020 reviendront de nouveau sur la table.