Passablement agacé par la manière dont le gouvernement a mené la réforme de l’assurance chômage, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT et chef de file du syndicalisme modéré en France, n’entend pas se laisser avoir une seconde fois au sujet de la réforme des retraites.
Afin de bien se faire entendre du gouvernement, il commence à le menacer plus ou moins explicitement d’une “mobilisation”.
“Aucune raison de travailler davantage”
C’est dans le cadre d’une interview publiée hier dans Ouest-France que Laurent Berger a fait part de ses états d’âme concernant la réforme des retraites. En premier lieu, il a estimé qu’il n’était pas concevable que la réforme des retraites eût un objectif budgétaire. “Aujourd’hui, on va vers l’équilibre du système. Il n’y a aucune raison de travailler davantage” a-t-il en effet affirmé.
Les impératifs budgétaires de la retraite ne pouvant être mobilisés afin de justifier un recul de l’âge de départ à la retraite, le patron de la CFDT en conclut que “si le gouvernement le décidait, ce serait pour faire payer aux travailleurs autre chose que les retraites : renflouer les caisses de l’État ou financer les baisses d’impôts. Ce serait injuste”. Hélas pour M. Berger et pour les travailleurs français, il est vrai que l’état des comptes publics peut laisser craindre de mauvaises intentions gouvernementales.
Les conditions strictes de la CFDT
Au cas où le Président de la République n’aurait pas bien compris le message, Laurent Berger a posé quelques conditions pour la participation de son organisation à l’élaboration de la réforme des retraites. En particulier, il a assuré que la CFDT ne voulait pas entendre parler d’une augmentation de la durée de cotisation qui serait mise en oeuvre parallèlement à la réforme : “S’il s’agit de rendre le fonctionnement plus juste et plus lisible, la CFDT participera à la concertation. Mais si l’annonce est doublée d’une mesure applicable dès 2020, par exemple l’augmentation de la durée de cotisation, la discussion sera terminée pour la CFDT”.
Revendiquant depuis longtemps une réforme structurelle de la retraite en France, la CFDT se rend compte que le gouvernement semble bien tenté de se servir d’une telle réforme comme d’un prétexte à une dégradation de l’accès des assurés aux pensions de retraite.
La “mobilisation” de Laurent Berger
Bien lancé dans ses mises en garde au chef de l’Etat, Laurent Berger en est même venu à invoquer une possible “mobilisation” cédétiste au cas où l’exécutif en viendrait bel et bien à réformer les régimes de retraite comme il a réformé l’assurance chômage. “Il ne serait pas difficile d’enclencher une mobilisation sur ce sujet” a-t-il ainsi affirmé.
S’il est probable que le gouvernement ne tiendra guère compte des menaces à peine voilées de Laurent Berger, on retiendra néanmoins que la réforme des retraites devrait donner lieu à des développements sociaux complexes.