Hier, la CGT Cheminots a organisé une conférence de presse afin de présenter son propre rapport, c’est-à-dire ses contre-propositions, de réforme de la SNCF. Une initiative qui vise sans doute moins à peser sur les arbitrages gouvernementaux qu’à légitimer le mouvement de grève à venir.
Un plaidoyer pour le rail public
Comportant 45 pages, le rapport de la CGT constitue un plaidoyer pour le développement du transport ferroviaire public en France. La première organisation salariale de la SNCF juge en effet possible de ne pas s’orienter vers une ouverture du rail à la concurrence, “puisque des exceptions sont prévues” dans les réglements européens. Pour la CGT, le rail français doit être organisé autour “d’une entreprise publique unique et intégrée”.
En outre, la CGT appelle l’Etat non seulement à reprendre à son compte la dette importante de la SNCF mais, en outre, à prendre exemple sur l’Allemagne afin de mettre en oeuvre un plan plus ambitieux d’investissement dans les infrastructures ferroviaires – rappelons que le plan d’investissement allemand porte sur 28 milliards d’euros sur 5 ans, soit “20 %” de plus que le plan annoncé par Edouard Philippe.
Enfin, la CGT considère que, dans l’état actuel de la problématique de l’avenir du rail français, le statut des cheminots, qui a “énormément bougé ces trois dernières années”, n’est pas vraiment un enjeu fondamental. Surtout, la CGT s’oppose à l’orientation de la réforme du statut des cheminots décidée par le gouvernement, appelant non pas à son nivellement par le bas, et moins encore à sa disparition, mais au contraire à ce qu’il soit “un peu” amélioré.
Un rapport pour la grève
Si la CGT a assuré que le Premier ministre était d’accord sur le principe de prendre connaissance du rapport et de le prendre en compte en vue d’échafauder la réforme de la SNCF, il demeure peu probable qu’elle croie vraiment que son rapport pourra servir de bases de travail à l’exécutif. Les intentions du chef de l’Etat sont si éloignées de celles de la CGT que l’on imagine très mal comment elles pourraient finalement s’avérer commensurables.
En réalité, il est plus probable qu’en publicisant un tel rapport, la CGT cherche avant toute chose à se mettre en scène auprès de l’opinion publique comme n’étant pas un syndicat prêt à faire systèmatiquement la grève, sans jamais rien proposer.
En tout cas, Laurent Brun, le secrétaire de la CGT Cheminots, a été clair : lors de la prochaine intersyndicale CGT-Unsa-Sud-CFDT, qui doit se tenir le 15 mars prochain, “nous allons proposer un recours à la grève si le gouvernement ne nous entend pas”. En laissant une semaine à peine à Edouard Philippe pour lire son rapport et en tirer toutes les conséquences utiles, la CGT annonce la couleur : ses contre-propositions de réforme sont un moyen de légitimer la grève (dure ?) qui se prépare à la SNCF.