Pour ses relations internationales, le Medef mise sur le grand patronat d’Etat

La section “internationale” du Medef vient de procéder à trois nouvelles nominations, portant sur ses relations avec l’Asie et l’Océanie. Des nominations qui viennent révéler que, dès lors qu’il est question de diplomatie, le Medef mise plus sur le grand patronat que sur le dirigeant de TPE/PME. 

Stéphane Israël pour la Corée

Stéphane Israël, patron d’Arianespace depuis 2013 – après avoir compté parmi les dirigeants d’Airbus entre 2007 et 2012 – prend la présidence du club d’affaires France-Corée. Diplômé de l’ENS et de l’ENA, M. Israël a le profil-type du très haut fonctionnaire : magistrat à la Cour des Comptes entre 2001-2007, il a en outre, entre 2012 et 2013, occupé la fonction de directeur de cabinet du ministre du Redressement productif. 

Le Medef précise que Stéphane Israël a une légitimité toute particulière à prendre en main les relations avec la Corée. Il a en effet “noué des liens étroits avec la Corée dans le cadre de l’année France-Corée, dont il a présidé le comité des mécènes”. Par ailleurs, M. Israël “a reçu en 2017 la Médaille du service diplomatique coréen”. 

Thierry Mallet pour la Nouvelle-Zélande

A priori, la nomination à la tête du conseil de chefs d’entreprises France Nouvelle-Zélande, de Thierry Mallet, PDG de Transdev depuis 2016 et président de l’union des transports publics depuis 2017, peut paraître plus surprenante. M. Mallet se distingue en effet moins par sa proximité entrepreneuriale avec cette lointaine terre d’Océanie que par ses caractéristiques de grand commis de l’Etat : polytechnicien, diplômé des Ponts et Chaussées – et également du MIT – il a longtemps travaillé au ministère de l’Equipement puis en qualité de haut responsable de la Générale des Eaux et du groupe Suez, deux groupes intimement liés à l’Etat. 

En réalité, le Medef explique que le choix de Thierry Mallet, qui succède d’ailleurs à Guillaume Pépy, le patron de la SNCF, renvoie à la volonté affichée par la Nouvelle-Zélande de développer ses infrastructures de mobilité. Le Medef estime que, dans ce contexte, les entreprises françaises des transports doivent s’intéresser à ce marché. 

Hervé Guillou pour l’Australie

La nomination d’Hervé Guillou à la tête du conseil de chefs d’entreprises France-Australie, semble s’inscrire dans la même logique. Polytechnicien, ancien de la direction générale de l’armement, passé par la direction de plusieurs sociétés liées aux constructions navale et aérospatiale – dont EADS – il est le PDG de Naval Group depuis 2014 et le président du groupement des industries de construction et activités navales depuis 2017. 

En s’attachant les services de M. Guillou, le Medef compte bien profiter du renforcement actuel des relations franco-australiennes, renforcement dont “atteste la signature du partenariat franco-australien stratégique renforcé en mars 2017” et la mise en place du “futur accord de libre-échange entre l’Union Européenne et l’Australie”. Il est vrai qu’en matière de liens commerciaux avec l’Australie, Hervé Guillou peut avoir son mot à dire, lui qui y a remporté un important contrat naval en 2016. 

Une diplomatie économique d’Etat

Ces trois dirigeants patronaux ont des profils très semblables : diplômés de grandes écoles d’Etat, passés par la haute administration et les entreprises publiques ou para-publiques, ils incarnent un grand patronat d’Etat. Loin des discours vantant les mérites des entrepreneurs issus des TPE/PME, le Medef préfère miser, pour sa diplomatie économique, sur les ressources de cette fraction très particulière du milieu patronal. Ceci est, certes, tout à fait compréhensible, le petit patronat de province manquant parfois sans doute du raffinement requis par ces fonctions

Reste à savoir si, in fine, l’oncle de Montauban ou d’autres petits patrons du même type finiront par bénéficier des retombées que l’on peut oser attendre d’une telle diplomatie économique. 

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