Les partenaires sociaux se retrouvent aujourd’hui afin d’entrer dans le vif des discussions relatives à l’avenir de l’assurance chômage. Si les représentants des salariés tiennent à afficher leur relative unité, des lignes de fracture apparaissent pourtant parmi eux. La perspective d’un accord a minima se profile ainsi à l’horizon.
Effusions de principes
Mardi dernier, les partenaires sociaux se sont engagés dans une renégociation des paramètres de l’assurance chômage. A en croire certains, tout s’est déroulé dans une très bonne ambiance. Véronique Descacq, pour la CFDT, s’est ainsi félicitée du “bon état d’esprit général” des partenaires sociaux, tandis que la représentante du Medef, Laurence Poivey, évoquait une discussion “constructive” et “féconde”. Dans une telle configuration et à raison de réunions hebdomadaires qui avaient toutes les raisons d’être aussi studieuses que la première, il devenait tout à fait envisageable qu’un accord paritaire fût trouvé avant la fin mars.
Afin de bien signifier qu’ils étaient prêts à aller au fond des choses malgré les délais raccourcis qui leur étaient impartis, les représentants patronaux et salariaux vantaient par ailleurs leur méthode de travail. D’un côté comme de l’autre, l’heure était à l’unité. Par la voix de Jean-Michel Pottier, de la CPME, les employeurs faisaient taire leurs divergences : “Nous nous sommes exprimés ensemble en début de réunion pour montrer que nous nous engageons conjointement”. De leur côté, les syndicats de salariés promettaient de se réunir lundi 13 mars en intersyndicale, afin d’étudier la défense de propositions communes. Les partenaires sociaux portaient décidément bien leur nom !
Des enjeux clivants
Hélas, la CGT n’a pas pu s’empêcher de gâcher la fête. Elle estime en effet que les bases de la négociation ne sont pas acceptables en l’état. Aucune surtaxation systématique des contrats très courts n’est en débat, alors que le Medef entend toujours remettre en cause les droits des chômeurs et, notamment, de ceux ayant plus de 50 ans. Mais, pour la CGT, il y a pire encore : en défendant l’idée selon laquelle c’est une journée de travail qui devrait ouvrir droit à une journée d’indemnisation, la principale organisation patronale tente de revenir sur le principe de la mensualisation de la constitution des droits à l’assurance chômage.
Personne ne s’étonnera, certes, de voir la CGT adopter une attitude critique à l’égard des propositions patronales. Il n’en demeure pas moins qu’en rompant avec l’unanimisme paritaire, elle pointe du doigt le fait que la signature d’un accord sur l’assurance chômage va nécessairement supposer des choix. Et des choix qui, en l’occurrence, ont toutes les chances d’impliquer des concessions plus douloureuses pour les salariés que pour les employeurs.
Quel accord a minima ?
Les désaccords mis en avant et répétés par la CGT depuis mardi dernier n’expriment pas seulement les positions qu’elle défend dans le cadre de la négociation. Ils se rapportent surtout aux contours de moins en moins flous d’un accord qui pourrait bien émerger entre les organisations d’employeurs d’une part et la CFDT et ses alliés traditionnels d’autre part. Cet accord reposerait notamment sur un échange entre d’un côté un encouragement à limiter le recours aux contrats très courts dans les secteurs d’activité concernés et, de l’autre, un durcissement des conditions d’accès aux allocations chômage. Un recul de 50 à 52 ans de l’âge à partir duquel les chômeurs sont indemnisés durant 36 mois est notamment possible.
Un tel accord pourrait être qualifié d’accord a minima, dans la mesure où il ne réglerait en rien le problème de l’endettement de l’Unédic. Il permettrait toutefois aux représentants patronaux et salariaux de conserver la main sur le dossier de l’assurance chômage. A l’approche des élections présidentielles, c’est toujours plus sûr…