Négociation chômage : le patronat tente le tout pour le tout

La semaine dernière, la séance de négociation paritaire sur l’assurance chômage n’a pas du tout permis aux partenaires sociaux de s’accorder sur une nouvelle convention Unédic.

 

Craignant sans doute les conséquences d’une reprise en main de l’assurance chômage par l’Etat, le patronat a promis de présenter aux syndicats de salariés de nouvelles propositions sur les contrats courts. 

Un “fonds mutualisé” contre la précarité

Hier, en fin de journée, le Medef, la CPME et l’U2P ont convenu de se présenter demain devant les représentants des organisations salariales armés de nouvelles “propositions alternatives au dispositif de bonus-malus” sur les contrats très courts. Les responsables du patronat français n’ont pas précisé ce en quoi pourrait consister ces propositions, se contentant de dire qu’elles seraient présentées “en séance”. 

D’après l’AFP, l’U2P aurait toutefois donné une indication quant à la nature des options patronales. Elles pourraient notamment reposer sur l’institution d’un “fonds mutualisé” finançant des formations pour les salariés qui sont entre deux contrats courts ou finançant leur complémentaire santé. Or, qui dit “fonds mutualisé” dit “cotisation” : le patronat aurait ainsi laissé entendre qu’il serait prêt à mettre un peu d’argent sur la table. 

Les syndicats dubitatifs

Si avec ce coup de dernière minute, le patronat espérait susciter un vif intérêt du côté des syndicats de salariés, force est de reconnaître que c’est plutôt raté. “Le piège est grossier !” a déclaré Michel Beaugas (FO) à l’AFP, poursuivant : “Les annonces patronales semblent exclure toute modulation des contributions. Si tel est le cas elles porteraient la responsabilité d’un échec de la négociation”. 

Un peu plus tôt dans la journée, sur LCI, Laurent Berger avait pour sa part qualifié “d’usine à gaz” la proposition patronale sur le CDD d’usage – proposition présentée la semaine dernière – et réaffirmé que sans “vraie proposition” du patronat sur les contrats courts, il n’y aurait pas d’accord chômage. 

Vers une réunion tripartite sur l’assurance chômage ?

Dans cette configuration difficile, il apparaît osé de miser sur une réussite de la négociation sur l’assurance chômage. N’oublions pas, en effet, qu’à compter que les partenaires sociaux s’accordent sur les contrats courts – ce qui est déjà très mal parti – il leur faudrait encore s’accorder sur les 1 à 1,3 milliard d’euros d’économies demandées par le Président de la République en matière de dépenses d’assurance chômage. 

Bien conscients de la situation et des perspectives paritaires peu réjouissantes qu’elle offre, le Medef et la CFDT ont d’ailleurs, hier soir, estimé qu’en cas d’échec des négociations entre les partenaires sociaux, une réunion “tripartite” – incluant donc l’Etat – serait nécessaire. L’assurance chômage se rapproche clairement de l’orbite de l’Etat. 

Ajouter aux articles favoris

Conformité CCN en santé

Pour vous aider à gérer la conformité CCN de vos offres "santé standard", profitez de notre outil en marque blanche gratuitement en 2023. L'outil vous permettra de savoir, en un clic, le niveau de votre offre compatible avec la CCN que vous aurez sélectionnée. L'outil en marque blanche est relié à la base de données CCN de Tripalio, juridiquement certifiée et mise à jour en temps réel. Il bénéficie de notre algorithme de comparaison qui détecte les non-conformités du contrat santé standard.
Demandez votre outil
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer
Lire plus

Quand la relation intime entre deux salariés devient un motif de licenciement

La relation intime d'un responsable d'entreprise peut avoir des conséquences professionnelles s'il les cache à sa direction. C'est ce qu'a récemment rappelé la Cour de cassation dans une décision rendue le 29 mai 2024. Elle s'y prononce sur le licenciement pour faute grave d'un responsable d'entreprise qui a caché à son employeur sa relation avec une autre salariée de l'entreprise, laquelle est titulaire...
Lire plus

Indemnité de cantine fermée “covid” : le juge tranche en défaveur des télétravailleurs

La crise sanitaire de 2020 a provoqué la fermeture de nombreux lieux de rassemblement de population, dont la fameuse cantine d'entreprise. Or, certaines entreprises ont dû maintenir une activité dans leurs locaux pour assurer la continuité de service. Dans ce cadre, une indemnité dite de cantine fermée a été mise en place pour permettre aux salariés présents de ne pas être lésés par la fermeture du restaurant normalement accessible dans le cadre de leur emploi. Mais cette indemnité a fait naître quelques litiges, dont...
Lire plus

Obligation de prévention et sécurité : c’est à l’employeur de montrer patte blanche en cas d’accident

En entreprise, l'employeur est tenu de respecter des mesures de prévention et sécurité afin de protéger la santé de ses salariés. Les dispositions du code du travail encadrent cette obligation avec précision. Mais que se passe-t-il en cas de manquement de l'employeur ? Le salarié peut-il considérer que cette violation de ses obligations légales par l'entreprise constitue un motif de rupture de contrat de travail aux torts de l'employeur ? Dans ce cas, sur qui repose la charge de la preuve ? C'est à cette question que...