MEDEF: premiers roulements de tambour avant la bataille pour la présidence

Le Conseil Exécutif du MEDEF auditionne aujourd’hui les six candidats encore en lice pour la présidence du MEDEF. Le Conseil devrait exprimer son choix le 11 juin. L’UIMM vient, sans surprise, de déclarer qu’elle soutenait Alexandre Saubot, son ancien président. La bataille risque d’être serrée entre les familles du patronat français.

Sur le papier, Geoffroy Roux de Bézieux est le favori du scrutin. D’abord, parce qu’il avait déjà remporté une majorité de voix lors du précédent vote il y a cinq ans (avant de se rallier à son “second” Pierre Gattaz). Ensuite, parce qu’il a mené une campagne en profondeur, avec des soutiens clairs de patrons en tous genres, notamment ceux de la nouvelle économie. Enfin, parce qu’il est plus charismatique et plus politique que son rival immédiat, Alexandre Saubot.  

Toutefois, il ne faut jamais oublier que l’élection est faite et défaite par les grandes fédérations du MEDEF. A ce jeu-là, Alexandre Saubot dispose de certains atouts. Le poids de l’UIMM ne se limite en effet pas aux seules voix qu’elle détient en propre. Il faut aussi compter avec son effet d’entraînement sur les MEDEF territoriaux (où certains électeurs sont des métallurgistes masqués) et sur les autres fédérations industrielles. On a vu un premier aperçu avec le ralliement de la fédération des travaux publics (FNTP) à sa candidature.  

Le vote indicatif du 11 juin ne décidera pas de l’élection finale

Qui plus est, le vote du 11 juin, consécutif aux auditions d’aujourd’hui, est très loin de faire le résultat final. Il est une étape importante dans la mesure où il donne une indication forte sur la tendance générale du MEDEF. Mais le conseil exécutif n’est pas l’exacte représentation des rapports de force interne. Roux de Bézieux le sait, puisqu’il s’était désisté au profit de Pierre Gattaz en 2013. Tout laissait alors à penser que le favori du conseil exécutif serait battu au round final par son challenger, soutenu par les puissantes fédérations industrielles, Serge Dassault en tête.  

Il faut donc tempérer la portée de l’exercice d’aujourd’hui. Celui-ci est plus une répétition pour chauffer l’ambiance et mettre les candidats en condition. Il devrait ouvrir une phase décisive dans les négociations en coulisse pour les ralliements divers et variés que certains espèrent. Selon nos informations, Roux de Bézieux et Saubot ont des attitudes très différentes sur ce sujet. Alexandre Saubot patiente, sûr de sa victoire sans ralliement, quand le favori, plus politique, multiplie les promesses à ceux qui s’allieraient à lui. Deux personnalités, deux styles, deux logiques.  

Patrick Martin, quant à lui, ne désespèrerait pas de créer la surprise en suggérant des alliances bien senties.  

L’élection intéresse-t-elle les patrons?

Cette effervescence de coulisses, dans la ligne des élections habituelles, est probablement le mal principal dont souffre le MEDEF. L’appareil bureaucratique patronal n’a pas mesuré le changement dans la société française qui affecte aussi les patrons. Les préoccupations de l’avenue Bosquet paraissent plus loin que jamais de la vie quotidienne des dirigeants d’entreprise.  

De ce point de vue, aucun candidat n’est parvenu ni à rompre avec la tradition, ni à susciter d’attente ou d’engouement. En l’état, c’est la principale leçon à retenir de cette campagne.  

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