La petite astuce du Bâtiment pour faire capoter sa restructuration conventionnelle

Comme le savent nos lecteurs, le bâtiment est engagé dans des négociations devant aboutir à la restructuration de son environnement conventionnel. Alors qu’aux dernières nouvelles, les discussions n’avancent pas aussi vite que prévu, les représentants de la profession ont tout l’air d’avoir trouvé une manière astucieuse de les retarder plus encore. 

La CGT mal vue

C’est hier que les représentants patronaux et salariaux du bâtiment devaient se retrouver afin de parler convention collective. Comme d’habitude, la réunion avait lieu dans les locaux de la fédération française du bâtiment (FFB) et, comme d’habitude, la CGT devait y participer. Hélas, hier, ladite CGT, première organisation salariale du secteur, assure n’avoir pas pu accéder au bâtiment de l’organisation professionnelle. Au micro de l’AFP, Jean-Pascal François, porte-parole de la CGT construction, assure que la FFB a “interdit” à son syndicat de pénétrer dans ses locaux : “quand on s’est présentés, ils nous ont interdit l’accès au bâtiment”. Il ne faisait pourtant pas chaud hier matin dans les rues de Paris… 

Un obscur différend

Au coeur de cette malheureuse affaire de porte fermée, un obscur différend entre la CGT Construction et la FFB. Le chef de file de la délégation CGT, Philippe Christmann, est en effet persona non grata à la FFB depuis avril 2014 et une manifestation dans les locaux de la FFB qui a quelque peu dégéné, jets de confettis et de peinture à l’eau aidant. Condamné par la justice à verser 17000 euros à la FFB pour ce débordement – qui, précisons-le tout de même, n’a blessé personne – Philippe Christmann doit être rejugé en appel fin mars 2017. De fait, les relations entre la CGT Construction et la FFB ne sont pas au beau fixe et, hier, la présence de M. Christmann a sans doute été considérée comme un affront par la fédération patronale. 

Une situation intenable

Certes, la FFB a assuré à l’AFP qu’elle n’avait pas empêché l’accès au bâtiment à la totalité de la délégation CGT mais uniquement à M. Christmann. La FFB a d’ailleurs affirmé que M. Christmann s’était montré “menaçant envers la négociatrice de la fédération”. Pour la CGT, la situation n’en demeure pas moins inacceptable, dans la mesure où elle signifie que la FFB entend sélectionner ses interlocuteurs : “La FFB choisit qui négocie”. Pour la CGT, ceci constitue un “recul démocratique”. Si les arguments de la FFB et la CGT peuvent se défendre, il n’en demeure pas moins que la situation est intenable. Comptant parmi les plus importants secteurs d’activité français, le bâtiment ne saurait longtemps supporter un tel blocage de son dialogue social. 

En attendant le retour de la sérénité paritaire, les esprits chagrins ne manqueront pas de relever le fait que quelques confettis et litres de peinture à l’eau semblent suffire à troubler tout à fait des gens du bâtiment que l’on aurait cru plus solides. 

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