La FNMF et la roue du Temple solaire

La FNMF va-t-elle prochainement appeler ses adhérents en forêt de Rambouillet et leur demander de se disposer en cercle avant de procéder à leur immolation en offrande au soleil, comme naguère une secte l’avait fait en Savoie? On peut en tout cas s’interroger sur l’inclination de ces admirateurs de l’Orient pour le suicide collectif au vu des interventions de la Fédération ces dernières semaines. Une chose est sûre, la désastreuse stratégie suivie par Etienne Caniard lors de la généralisation de la complémentaire santé en 2013 n’a donné lieu à aucune prise d’acte et n’a pas modifié les fondamentaux funestes suivis par la Fédération, qui confond toujours copinage politique et logique d’influence. 

La FNMF a voulu la généralisation de la complémentaire santé aux retraités

Lors de son dernier congrès à Nantes, la FNMF avait joué de son influence pour recevoir la visite de François Hollande. On retrouve ici le traditionnel entregent de la FNMF au sein du PS. L’opération était bien montée. L’avant-veille de la venue de notre inoubliable Président de la République, dont la fiabilité est bien connue, le président Caniard avanit donné une interview appelant de ses voeux la généralisation de la complémentaire santé aux retraités. Dans son discours de Nantes, François Hollande avait repris, la bouche en coeur, cette revendication mutualiste en annonçant qu’elle serait appliquée dès le prochain PLFSS. 

Ce qui fut dit fut fait: le PLFSS prévoit un mécanisme ahurissant de généralisation de la complémentaire santé sur lequel BI&T reviendra demain. Ceui-ci prévoit entre autres un extravagant plafonnement du tarif durant les trois premières années de la retraite, qui rappelle que l’intervention de l’Etat sur le marché se solde d’abord par une réglementation sur les tarifs extrêmement dangereuse pour la solvabilité des acteurs de la place. 

La FNMF critique la généralisation qu’elle a voulue

Répétant manifestement sans se lasser les mêmes erreurs, la FNMF a compris que demander un soutien à l’Etat est souvent pire que lui demander de s’abstenir. L’Etat fait partie de ses partenaires qu’il faut ordinairement n’aller voir que quand on n’a rien à leur demander et à qui souffler de bonnes idées revient le plus souvent à tendre le bâton pour se faire battre. Si l’on juge par le vote de la FNMF à l’UNOCAM sur le PLFSS 2016, Etienne Caniard semble l’avoir tardivement redécouvert. 

La FNMF ne tarit pas de critiques, en effet, contre les dispositions d’un PLFSS qu’elle a pourtant appelées de ses voeux. Et c’est bien le paradoxe de sa stratégie suicidaire, qui consiste à jouer aux passagers clandestins pour obtenir des avantages par des approches de copinage, et de compter sur ses bons amis de l’UNOCAM pour lui apporter du réconfort lorsqu’elle s’aperçoit qu’elle a pactisé avec des filous. L’inconvénient de cette énième redite du même scénario est qu’à force de répétion, elle ressemble à une compulsion de suicide collectif. 

La FNMF a oublié ses valeurs identitaires

Une des faiblesses critiques de la FNMF tient à l’oubli de ses valeurs fondamentales. Comme nous le rappelions hier, la prospérité de la FNMF s’est bâtie, à partir des années 30, sur un principe simple: affiliation éventuellement obligatoire, mais assurance toujours libre. Le modèle économique de la FNMF est celui d’une liberté de choix des assureurs par les assurés, avec une affiliation affinitaire globalement libre.  

La recherche de réglementations protectrices depuis quelques années conduit la FNMF à accepter, voire à promouvoir, des logiques de généralisation avec des compromis dangereux sur la liberté de choix de l’assureur. Ces errements sont aggravés par le recrutement de bureaucrates syndicaux supposés assurer le développement des mutuelles auprès des branches souscriptrices. Cette stratégie ressemble à une fuite en avant. Le récent colloque de Mutex faisant la promotion des désignations en prévoyance l’a montré: la FNMF est désormais colonisée par des lobbyistes venus des confédérations syndicales qui imposent des valeurs complètement étrangères à la tradition et à “l’ADN” de la mutualité. 

Cette perte d’identité se traduit aujourd’hui par de rapides pertes de marché. Peut-être Etienne Caniard aspire-t-il à jouer le rôle du grand prêtre grâce à qui une maison centenaire se sera suicidée collectivement.  

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