Cet article est issu du site du syndicat de salariés CFE-CGC.
Accès aux droits, à l’emploi et au logement, égalité des chances, problématiques du financement et des aidants familiaux : Christophe Roth réagit aux récentes annonces gouvernementales sur le handicap. Le délégué national CFE-CGC rappelle également l’engagement quotidien et les actions menées par le syndicat de l’encadrement au service des salariés en situation de handicap. Entretien. A l’occasion du comité interministériel du handicap (CIH), le Premier ministre Edouard Philippe a dévoilé, le 20 septembre dernier, la feuille de route du gouvernement afin d’améliorer la situation des personnes handicapées. Qu’en retenez-vous ? Beaucoup d’annonces ont été faites pour moderniser l’accès aux droits et notamment raccourcir les délais d’obtention de la reconnaissance administrative de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) auprès des maisons départementales des personnes handicapées (MDPH). Notons également la revalorisation de l’Allocation adulte handicapée (AAH), qui passera progressivement de 810,89 € par mois actuellement pour une personne seule à 900 € d’ici novembre 2019.
- « La CFE-CGC reste mesurée quant aux annonces gouvernementales »
Ces annonces sont-elles conformes aux attentes de la CFE-CGC ? Nous restons mesurés. La CFE-CGC salue le volontarisme affiché sur des champs comme l’accès aux droits, la scolarité et l’égalité des chances, l’insertion professionnelle ou encore l’accessibilité au logement, aux bâtiments et aux loisirs. Ces annonces vont plutôt dans le bon sens et sont conformes à l’esprit de la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. En revanche, la CFE-CGC s’inquiète de ne pas avoir eu d’annonces concernant les emplois et la compensation des personnes en situation de handicap dans le privé comme le public. Nous sommes également très dubitatifs sur la question des moyens alors que fondent les réserves du Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP) et celles de l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des handicapés (AGEFIPH) dans le privé. La CFE-CGC a fait part de son amertume suite à la baisse de 25 % du budget du FIPHFP… Cette décision n’a été ni validée par le comité national du FIPHFP, ni par les commissions ou groupes de travail. Pire : le débat à la convention d’objectifs et de gestion (COG) entre l’Etat, les associations et les organisations syndicales, n’a pas eu lieu. Pour la direction du FIPHFP, seule une contribution de 15 euros par agent financerait le maintien dans l’emploi sur 10 ou 15 ans des bénéficiaires du FIPHFP. Pour la CFE-CGC, il est inacceptable de demander aux agents des fonctions publiques cette contribution supplémentaire ! L’Etat a déjà ponctionné trois fois 29 millions d’euros sur le FIPHFP et le même montant sur l’AGEFIPH pour couvrir d’autres besoins de financement et d’autres politiques publiques que le handicap. Que préconise la CFE-CGC ? Il est impératif de maintenir et de sécuriser le FIPHFH (une association) et le FIPHFP (gérée par la Caisse des Dépôts), chacun avec son modèle spécifique. Pour le FIPHFP, la CFE-CGC propose que l’Education nationale, qui compte un million d’agents, contribue à son financement à l’instar de tous les autres ministères.
- « La CFE-CGC milite depuis des années pour bâtir une politique volontariste à destination des aidants familiaux »
Quid des dispositions à destination des aidants familiaux ? Le président de la République s’est engagé à s’emparer du dossier. La CFE-CGC se montrera vigilante et fera valoir ses propositions : mise à disposition d’infos sur les démarches administratives, congés supplémentaires rémunérés, maintien des cotisations à temps plein dans le cadre du passage au temps partiel, suivi médical renforcé, modalités spécifiques relatives au télétravail et création d’un congé pour solidarité familiale. La CFE-CGC milite depuis des années pour bâtir une politique volontariste pour les aidants familiaux. C’est un sujet majeur. Pour quelle raison ? Il y a environ 8 millions de personnes – dont la moitié avec une activité professionnelle – qui accompagnent un proche qui est malade ou dépendant. La réalité de terrain est claire : les aidants familiaux salariés sont trop souvent confrontés à l’obligation dramatique de choisir entre leur position d’aidant et leur situation professionnelle. Avec tout ce que cela entraîne : absentéisme, perte de rémunération, hypothèque sur la future retraite… Un colloque sur les aidants familiaux se tiendra le 5 décembre à Paris, organisé par l’union locale du 17e arrondissement et l’URIF, avec le soutien de la confédération. A l’image des conventions successives signées avec l’AGEFIPH, la CFE-CGC est reconnue, dans le monde du travail et le paysage institutionnel, comme un acteur incontournable sur le handicap. La CFE-CGC poursuit, sans relâche, son combat quotidien pour conseiller, assister et représenter les travailleurs handicapés et les salariés dont un proche est handicapé. Nous sommes plus que jamais mobilisés pour faire face à toutes les évolutions sociétales et au développement de nouvelles formes de handicap, en particulier le handicap psychique. La dernière convention signée en novembre 2016 avec l’AGEFIPH nous engage à une prise en compte de cette pathologie, qui reste méconnue. Le handicap psychique est pourtant la première cause d’arrêt de travail selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour qui, d’ici 2020, la pathologie deviendra la première cause de handicap dans le monde.
- « Cinq modules de formation pour aider nos collègues qui négocient des accords handicap dans les entreprises »
Quelles sont les principales actions conduites par la CFE-CGC et son réseau (25 référents régionaux et 50 référents des fédérations) ?
La CFE-CGC propose désormais cinq modules de formation pour permettre à nos collègues qui négocient des accords handicap dans les entreprises d’intégrer les dispositions de la loi du 11 février 2005, la prise en compte du handicap psychique et celle des aidants familiaux. Nos adhérents et militants peuvent également s’appuyer sur le Guide handicap CFE-CGC, régulièrement mis à jour. Nous avons par ailleurs redynamisé le groupe interfédéral et mis en place une banque des accords handicap qui recense les accords de toutes les fédérations pour identifier les bonnes pratiques et faire converger les compétences. La CFE-CGC s’est aussi dotée de divers outils pédagogiques et ludiques autour du handicap : vidéos, bandes dessinées, jeux de cartes, goodies etc. Un mot sur la prochaine édition de la Semaine pour l’emploi des personnes handicapées, qui se déroulera du 14 au 20 novembre 2017 ? C’est un rendez-vous annuel important. Mais la CFE-CGC, parce que nous sommes tous « handicapables », est mobilisée 365 jours par an sur le handicap ! Cette année, nous allons mettre en avant le handicap psychique par le biais de diverses animations, dont un colloque thématique qui se tiendra à Nantes le 16 novembre.