La CFDT développe une application pour renseigner les saisonnier sur leurs droits

Cette publication est issue du site du syndicat de salariés CFDT

 

En vingt éditions, la campagne saisonniers n’a pas changé d’objectif : renseigner les travailleurs sur leurs droits. Avec une application smartphone en guise d’outil d’information. 

« À vos marques, prêts ? Tirez ! » Le 3 juillet, deux équipes CFDT, vêtues d’orange de la casquette aux tongs, s’affrontent de part et d’autre d’une corde à nœuds sur la plage de Carnac, à un jet de menhir des boutiques d’une des plus grandes stations balnéaires de la côte sud de la Bretagne. Venus des quatre départements bretons, une trentaine de militants issus des syndicats de l’Agroalimentaire, d’Interco, de la PSTE (Protection sociale, Travail, Emploi), des Services, etc., donnent joyeusement le top départ de la campagne saisonniers 2018. L’idée ? « Créer un moment convivial autour d’un pique-nique et de jeux de plage pour souder ceux qui seront amenés à aller à la rencontre des travailleurs saisonniers lors des actions programmées un peu partout en Bretagne cet été », souligne la secrétaire régionale Karine Foucher. Une première en vingt éditions de campagnes saisonniers, précédée, comme il se doit, d’une tournée organisée le matin dans les magasins et restaurants de Carnac. 

Une bonne centaine d’actions sur l’ensemble du territoire 

« Je n’avais jamais franchi le pas d’aller discuter avec d’autres salariés que ceux de mon établissement, indique Valérie, adhérente depuis deux ans du syndicat PSTE du Morbihan, un peu inquiète avant cette nouvelle expérience militante. Finalement, je suis surprise par la qualité de l’écoute des commerçants. La propriétaire d’un magasin de vêtements nous a mêmes félicités d’informer les travailleurs sur leurs droits ! » En Bretagne, une quinzaine d’actions saisonniers ont été menées en moins de deux mois. Sur l’ensemble du territoire national, ce sont plus d’une centaine de rencontres qui ont eu lieu. De Bonifacio, en Corse, à Gérardmer, dans les Vosges, en passant par Arcachon, en Gironde, ou encore Meyrueis, en Lozère. Tous ces contacts ont pris différentes formes. 

En Vendée, comme dans la plupart des départements du littoral, ce sont les tournées tongs aux pieds qui ont toujours le vent en poupe. Le 19 juillet, ils étaient une bonne dizaine de militants des fédérations des Services, d’Interco, de l’Agroalimentaire, de la Chimie ou de la Construction à se retrouver à Saint-Hilaire-de-Riez en présence de la secrétaire générale adjointe de la CFDT, Marylise Léon. 

La nouveauté de 2018 : l’appli smartphone “Ma saison” 

Organisés autour de Patrick Thomas, le responsable de la campagne pour l’Union départementale, trois groupes sont partis à la rencontre des saisonniers, nombreux sur cette très touristique Côte de Lumière. Comme l’ensemble des équipes qui ont une fois de plus sillonné les plages du nord au sud de l’Hexagone, les militants ont mis en avant la nouveauté 2018 de la campagne : l’application smartphone « Ma saison »*. Elle a été créée afin d’aider les jeunes et les moins jeunes à obtenir des réponses, à portée de clics, sur leurs droits au travail. « Les premiers retours sont excellents », confirme Patrick. Mais si l’application répond à de nombreuses questions, le travail des militants n’en est pas diminué pour autant. D’ailleurs, les équipes CFDT n’ont pas attendu les bras croisés que les jeunes soient en poste pour les rencontrer : « On est intervenu très en amont, dès février, auprès des étudiants à La Roche-sur-Yon et à Nantes », explique Stéphane Tellier, permanent régional de la Fédération des Services. Ainsi, ils ont pu être informés de leurs droits avant de signer leur contrat. Un exemple ? Un saisonnier doit penser à demander à son futur employeur un justificatif d’embauche daté afin que l’employeur ne repousse pas le début du contrat au prétexte que le beau temps n’est pas au rendez-vous.Les problèmes sont rares avec les employeurs qui restent sur place à l’année. « En revanche, ceux qui viennent pour les trois mois d’été et louent un pas-de-porte à un loyer exorbitant hésitent moins à enfreindre les règles », constate Patrick. 

Il cite le cas d’un gros employeur du département (300 postes saisonniers dans un parc de loisirs). Ce dernier se plaint d’avoir des difficultés à recruter mais est prompt à insulter les jeunes, qu’il traite pour la plupart de « fainéants ». Et ce n’est pas tout, selon le syndicaliste à qui ces propos ont été rapportés : « Dans cette boîte, il y a des dérapages sur les heures de travail, et la convention collective n’est pas toujours respectée. À l’heure des réseaux sociaux, les informations circulent vite entre les jeunes, et les mauvaises réputations sont difficiles à défaire. Qu’il s’interroge sur les conditions de travail, et les choses s’arrangeront sûrement ! » 

La CFDT plante sa tente pour rencontrer les saisonniers 

À l’intérieur des terres, les équipes CFDT n’ont pas brandi le prétexte de l’absence de sable pour chômer tout l’été. Comme la plupart des villes métropolitaines, Amiens, elle aussi, possède désormais sa plage éphémère. Dans le Parc Saint-Pierre, en bordure de la rivière de la Somme, la municipalité a installé le temps d’un été des tyroliennes, une plateforme aqualudique, un minigolf… « Amiens Plage » est fréquenté par près de 2 000 Amiénois chaque jour, dont de nombreux enfants des centres aérés de la région. C’est à la lisière de ce parc que la CFDT a décidé de planter sa tente, le 21 août, à l’occasion de la quinzième et avant-dernière action saisonniers organisées dans les Hauts-de-France depuis le début du mois de juillet. 

Une année particulière avec les élections fonction publique 

À la manœuvre, Alexandre Boutté, membre du bureau régional CFDT et chargé de mission saisonniers et TPE : « Cette année est un peu particulière. Bien sûr, lorsque l’on va à la rencontre des salariés, on leur parle de la nouvelle application mais on en profite également pour évoquer avec eux l’enquête Parlons retraite et surtout les élections de la fonction publique, qui auront lieu le 6 décembre. » La plupart des animateurs des centres aérés qui font le déplacement jusqu’au Parc Saint-Pierre travaillent le reste de l’année dans les structures périscolaires. « Certains sont susceptibles de voter en décembre prochain », constate Alexandre, sacoche estampillée « Fier d’être CFDT » sur l’épaule. Une quinzaine de militants se sont répartis entre le parc, les rues pavées bordées de restaurants du quartier Saint-Leu et le centre-ville d’Amiens. Selon Pascal, élu CFDT à Carrefour, un tel rendez-vous, « c’est aussi l’occasion de retrouver des “collègues” d’autres entreprises, d’échanger sur nos pratiques de militants ». Comme beaucoup, il constate cependant la difficulté de pouvoir parler directement avec les travailleurs saisonniers. « Ils sont souvent sur la réserve, se sentent observés par le patron. Une fois, j’ai recroisé une salariée dans la rue. Elle m’a dit tout ce qu’elle n’avait pas pu exprimer lors de notre tournée. » 

« Beaucoup de jeunes ne connaissent pas leurs droits, et il y a de nombreux abus », témoigne également Carine Jacquin, secrétaire générale de l’Union départementale de la Meuse. Entourée de quinze militants et d’Inès Minin, la secrétaire nationale chargée de la politique en direction des jeunes, elle s’est rendue le 12 juillet sur les différents sites du lac de Madine qui accueillent des saisonniers : base nautique, espace accrobranche, location de vélo, camping… 

“En fait, c’est bien, ça, vous veillez sur les précaires” 

C’est justement parce qu’il a des interrogations qu’Ulysse, étudiant, interpelle les gilets orange à leur passage. « Je peux vous demander deux ou trois conseils ? Je ne me plains pas pour le moment, le travail est cool, mais j’ai l’impression que le vent va bientôt tourner, alors je préfère me renseigner… » Et d’ajouter, sous forme de clin d’œil : « C’est bien ce que vous faites, vous êtes une sorte de police qui veille sur les précaires, en fait ? » Quelques mètres plus loin, Christelle, réceptionniste au camping, profite de la présence de la CFDT pour passer un coup de fil à sa nièce, Rose, 16 ans, apprentie coiffeuse. « Elle est bientôt là ! Vous pouvez attendre un peu ? » La jeune femme arrive quelques minutes plus tard et expose sa situation : « Mes congés ont été annulés, j’ai des jours de repos qui ont été supprimés, ma patronne me retire de l’argent sur ma paie et elle refuse de me donner deux jours de repos consécutifs… elle est pourtant obligée, non ? Quand je demande de l’aide au CFA [centre de formation des apprentis], on me dit que j’ai déjà de la chance d’avoir trouvé un truc… » Les coordonnées sont échangées. Les militants feront le nécessaire. 

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