Qui connaît Alexis Bachelay, député socialiste de la banlieue parisienne et accessoirement fonctionnaire territorial qui a rejoint la motion de Karine Berger au parti socialiste? Pas grand monde sans doute, pourtant l’intéressé mérite un petit détour, parce qu’il incarne de façon assez pure ce que les citoyens rejettent de plus en plus dans la vie politique française, à savoir la duplicité et la morale pharisienne distillée à chaque étape, mais qui cache de profonds conflits d’intérêt.
Alexis Bachelay le moralisateur
Alexis Bachelay appartient au courant de la Gauche Forte, dont le slogan est: “La Force, quand elle sert la Justice, est une vraie valeur de Gauche”. Ah! la Gôche juste, celle qui a des valeurs…
Voici d’ailleurs, quelle déclinaison Alexis Bachelay en donnait sur son blog à propos de la levée de l’immunité parlementaire de Serge Dassault:
La Gauche forte s’indigne du refus de lever l’immunité parlementaire de Serge Dassault, manifesté le mercredi 8 janvier par le bureau du Sénat. Ce bureau a refusé, par 13 voix contre 12 et une abstention, que le sénateur puisse aller répondre des accusations dont il fait l’objet. (…)
Cette décision scandaleuse renforce la suspicion dont font l’objet les élus et responsables politiques, alors que bon nombre d’entre eux sont, à l’instar de la Gauche forte, tout aussi légitimement choqués par une attitude à la fois conservatrice et anti-démocratique.
Mais oui, bien entendu! une décision scandaleuse qui renforce la suspicion dont les élus font l’objet.
Alexis Bachelay le mutualisateur
Le même pourfendeur de l’immoralité en politique vient de déposer un amendement favorable à la mutualisation dans le domaine de la prévoyance professionnelle. Son objectif est de réduire la concurrence dans ce domaine en empêchant les entreprises de souscrire à leur propre contrat, et en permettant aux branches professionnelles de choisir deux contrats seulement entre lesquels les entreprises devront choisir.
Selon les termes de l’amendement, il s’agit de “mutualiser”, ce qui constitue un non-sens, puisque tout contrat d’assurance est un contrat de mutualisation.
Alexis Bachelay et les conflits d’intérêt
En grattant un peu, on découvre sur le site de l’Assemblée Nationale la déclaration d’Alexis Bachelay sur ses conflits d’intérêt, avec cet étrange passage:
Tiens! Mme Bachelay est comptable de la société Klesia… qui bénéficie de plusieurs contrats de prévoyance de branche. On voit à quoi ressemblent les discussions sur l’oreiller le soir, chez les Bachelay:
“Chéri, tu peux me rendre un petit service en échange d’une gâterie? Un petit amendement au Code de la Sécurité Sociale, et je fais de toi le plus heureux des hommes”.
Aussitôt dit, aussitôt fait! On souhaite le plus jovial des soupirs à ce député qui manifestement ne peut rien refuser à sa femme.
Klesia, FO et le financement syndical
Au passage, on rappellera que Klesia et son activité dans les branches professionnelles a plusieurs fois défrayé la chronique.
Dans la pharmacie d’officine, la CFDT avait attaqué l’accord de branche qui désignait Klesia comme assureur, parce que la commission paritaire de branche n’avait pas suivi la commission d’appel d’offres, et avait favorisé Klesia pourtant moins bien classé que les autres.
Il faut dire que Klesia est d’ordinaire présidée par un représentant de FO, confédération syndicale la plus active sur le sujet de la concurrence dans la protection sociale complémentaire, et confédération la plus dépendante financièrement du “paritarisme”. Il suffit de lire les textes de Philippe Pihet, le gourou de FO dans ce domaine, pour le comprendre et le mesurer.
Mais, dormons tranquille, la Gôche Forte sert la Justice.