Grève et licenciement pour faute lourde : les précisions de la Cour de cassation

Cet article provient du site du syndicat FO.

 

Un salarié gréviste ne peut faire l’objet d’une sanction, ou être licencié en raison d’un fait commis pendant la grève, que si celui-ci constitue une faute lourde.La faute lourde suppose une participation personnelle du salarié aux faits illicites. 

Dès lors que la preuve de la participation personnelle et effective des salariés aux faits d’entrave n’est pas établie, l’employeur ne peut licencier un salarié gréviste (Cass. soc., 18-1-17, n°15-22428).Le fait d’être présent au moment où des agissements illicites ont été commis ne peut suffire à caractériser une faute lourde. 

La faute lourde peut notamment résulter d’un acte de violence.Ainsi, le fait de frapper un salarié, qui refuse de s’associer au mouvement de grève, ou de séquestrer des membres de la direction dans les locaux de l’entreprise, constitue une faute lourde. 

Par contre, le fait pour un salarié gréviste de tenir des propos injurieux en dehors de toute violence ne constitue pas une faute lourde.L’entrave à la liberté du travail constitue également une faute lourde. 

Si un piquet de grève n’est pas en soi illicite, dès lors qu’il empêche l’accès de l’entreprise aux non-grévistes, fournisseurs et clients faute d’autres accès aux locaux, la faute lourde est caractérisée.Le salarié qui fait partie du groupe de grévistes bloquant l’entrée et la sortie du dépôt et, qui refuse d’obtempérer à la sommation de l’huissier de justice de libérer le passage commet une faute lourde justifiant un licenciement (Cass. soc., 18-1-17, n°15-19309).S’agissant de l’occupation des locaux, celle-ci ne constitue pas, par elle-même une faute lourde. 

L’occupation des locaux constitue une faute lourde si elle est maintenue après une décision de justice ayant ordonné l’évacuation des lieux ou si elle porte atteinte à la liberté du travail (atteinte à l’outil de production, occupation entraînant une perte importante de matières premières ou de graves dommages sur des hauts fourneaux). 

Dès lors que l’occupation des locaux n’a qu’un caractère symbolique, et qu’aucune entrave n’a été apportée à la liberté du travail, la Cour de cassation ne retient pas la faute lourde.S’agissant des représentants du personnel, qui bien souvent sont impliqués fortement dans le mouvement de grève, ceux-ci ne sont pas présumés responsables du comportement des autres salariés. 

Leur responsabilité ne peut être engagée que s’ils ont été les instigateurs des actes fautifs ou s’ils y ont pris part. 

 

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmark Close
0 Shares:
Découvrez nos analyses et capsules vidéos
Lancer la vidéo

Le pouls des CCN #1 : le régime santé de la CCN Syntec

Lancer la vidéo

Nicolas Desormiere (MH) : la garantie aidants, nouvelle corde de la prévoyance CCN

Lancer la vidéo

PLFSS 2026 : rejet du socle solidaire et responsable par la ministre Amélie de Montchalin

Lancer la vidéo

PLFSS 2026 : Stéphanie Rist défend le principe de la taxe Ocam

Vous pourriez aussi aimer
Lire plus

La double authentification arrive sur Tripalio le 5 janvier 2026 pour une sécurité renforcée

Pour protéger les données et sécuriser l'accès de tous nos utilisateurs à nos informations stratégiques, à notre base de données CCN et à nos outils de conformité juridique, nous faisons évoluer la connexion au site Tripalio à partir du 5 janvier 2026. Dès le début de l'année 2026, un mécanisme simple de double authentification par mail vous permettra de vous connecter à Tripalio. ...

Avis d’extension d’un avenant dans la CCN des remontées mécaniques et domaines skiables

Le ministre du travail et des solidarités envisage d’étendre, par avis publié le 5 décembre 2025, les dispositions de l'avenant du 26 novembre 2025 à l'accord du 27 octobre 2025 relatif à la mise en place d'un dispositif d'activité partielle de longue durée rebond - APLD-R, conclu dans le cadre de la convention collective nationale des remontées mécaniques et domaines skiables du 15 mai 1968 (...

Avis d’extension d’un avenant dans la CCN des fleuristes, de la vente et des services des animaux familiers

Le ministre du travail et des solidarités envisage d’étendre, par avis publié le 5 décembre 2025, les dispositions de l'avenant n° 2 du 24 octobre 2025 à l'accord du 13 juin 2022 relatif aux frais de santé, conclu dans le cadre de la convention collective nationale des fleuristes, de la vente et des services des animaux familiers du 29 septembre 2020 (...

Avis d’extension d’un accord dans la blanchisserie, laverie, location de linge, nettoyage à sec, pressing et teinturerie

Le ministre du travail et des solidarités envisage d’étendre, par avis publié le 5 décembre 2025, les dispositions de l'accord du 20 octobre 2025 relatif aux classifications professionnelles, conclu dans la convention collective nationale de la blanchisserie, laverie, location de linge, nettoyage à sec, pressing et teinturerie du 17 novembre 1997 (...

Avis d’extension d’un accord dans la CCN des expertises en matière d’évaluations industrielles et commerciales

Le ministre du travail et des solidarités envisage d’étendre, par avis publié le 5 décembre 2025, les dispositions de l'accord du 8 septembre 2025 relatif au télétravail, conclu dans le cadre de la convention collective nationale des entreprises d’expertises en matière d’évaluations industrielles et commerciales du 7 décembre 1976, qui est devenue convention collective nationale des sociétés d’expertises et d’évaluations (...