Les “gilets jaunes” n’en finissent décidément pas de désespérer le gouvernement. Une séquence politique remarquable a en effet eu lieu hier après-midi.
Après avoir annoncé, en fin d’après-midi, qu’il revenait sur certaines concessions faites en novembre aux “gilets jaunes”, le Premier ministre a finalement changé d’avis quelques heures plus tard. La débandade gouvernementale est totale.
Paroles, paroles…
L’affaire fait les choux gras de la presse ce matin. Comment pourrait-il en être autrement, il est vrai ? Hier en fin d’après-midi, l’exécutif a expliqué à l’AFP – puis confirmé au Monde – qu’il allait revenir sur un certain nombre de promesses faites aux “gilets jaunes” peu après le 17 novembre. Plus précisément, il estimait que l’élargissement du chèque énergie, le relèvement du barème kilométrique et le doublement de la prime à la conversion pour les gros rouleurs méritaient d’être annulés, pour la simple et bonne raison que la hausse des taxes sur le carburant prévue l’an prochain avait elle-même été annulée.
Quoi qu’il en ait été du bien-fondé ou non des motivations de l’exécutif, hélas pour lui, dans le contexte actuel, sa décision faisait aussitôt l’unanimité contre elle. Pire encore, elle donnait le sentiment que la parole du chef de l’Etat ne valait guère plus que celle d’un marchand de poudre de perlimpinpin.
L’effet “gilets jaunes”
Réalisant très probablement l’effet dévastateur de ce retour sur une parole donnée – et craignant tout aussi probablement la perspective d’un brutal retour des “gilets jaunes” sur le devant de la scène… – l’exécutif a rétropédalé quelques heures à peine après sa première annonce. Finalement, toutes les mesures annulées en fin d’après-midi sont maintenues. Cité par le Monde, un proche d’Edouard Philippe se hasarde à justifier ce prodigieux volte-face : de sa hauteur de vue, le Premier ministre aurait, après tout, préféré faire un “choix politique” plutôt qu’un “choix budgétaire”.
Les trois mesures au coeur du débat représentent un manque à gagner d’environ 130 millions d’euros pour le Budget : après avoir dépensé entre 10 et 15 milliards pour les “gilets jaunes”, reconnaissons qu’il aurait été pour le moins saugrenu de relancer la machine jaune pour 130 millions d’euros…
Une indiscutable débandade
Au lendemain de cette malheureuse séquence politique, il apparaît évidemment difficile de ne pas conclure à une débandade totale de ce qui se donne à voir comme une bien fine équipe gouvernementale. On retiendra en outre de cette affaire que l’exécutif en est aujourd’hui réduit à faire les fonds de tiroir, quite à se mettre dans des positions très dangereuses. On relèvera enfin que le pays est plus que jamais gouverné à courte vue : même plus – comme c’était bien souvent le cas depuis plusieurs décennies – à la petite semaine mais en réalité, à la journée, voire à la demi-journée.
Autrement dit : la mobilisation populaire des “gilets jaunes” a radicalement remis en cause la stratégie et l’agenda jupitériens. On ne réussit vraiment pas à voir comment Emmanuel Macron va réussir à repartir de l’avant dans une telle configuration.