Ford Blanquefort : vers le licenciement de plus de 800 salariés

Cette publication provient du site du syndicat de salariés FO

 

L’annonce est tombée lors du comité central d’entreprise qui se tenait le 13 décembre. La direction de Ford Aquitaine Industries (FAI) rejette le plan de reprise de son site de Blanquefort en Gironde par le seul repreneur déclaré, le groupe franco-belge Punch. Sans retour sur cette décision, cela signifie le licenciement de 850 salariés. 

Le constructeur américain Ford a annoncé le 13 décembre la fin de la production de l’usine girondine de Blanquefort (spécialisée dans les boîtes de vitesse) pour la fin août 2019. Plutôt que vendre le site et s’investir dans la période de reprise en assurant le maintien d’un volume de production, il préfère donc saborder l’activité, liquider 850 emplois et fermer définitivement les portes de l’usine. 

Ford explique : Malgré les discussions rigoureuses et approfondies des neuf derniers mois et les meilleurs efforts fournis par chacune des parties, le plan proposé par le repreneur potentiel présente des risques significatifs. Et de poursuivre : nous ne croyons pas que les plans de l’acquéreur potentiel offrent le niveau de sécurité et de protection, ou limitent le risque de possibles pertes d’emploi futures, que nous souhaitons pour les salariés de FAI

Le constructeur décide donc comme il l’avait annoncé en février de fermer le site. Pendant ces derniers mois, il avait joué avec les nerfs des salariés en laissant parfois planer le doute. Ford qui a réalisé l’an dernier un bénéfice net de 7,6 milliards d’euros au niveau du groupe estime que le coût du travail en France est trop élevé indiquait, irrité, le syndicat FO (troisième organisation représentative sur le site) au printemps dernier. 

Une bataille de neuf mois

Par ailleurs depuis 2013 le site de Blanquefort a reçu des aides publiques à hauteur de 50 millions d’euros dans le cadre d’un plan de maintien des emploisqui s’est achevé en mai. Ces derniers mois, la direction de Ford Blanquefort annonçait néanmoins sa volonté de cesser tout investissement sur le site, arguant que celui-ci ne pouvait offrir la rentabilité souhaitée dans le futur. 

Autant dire que pour les salariés tenus depuis des mois dans l’angoisse concernant l’avenir de leurs emplois (sans compter les 2 000 emplois indirects que la présence de Ford induit), c’est le choc. 

Alors que la direction de Ford se plait à communiquer sur le plan social complet qu’elle a présenté et précise qu’elle s’engage à ne prononcer aucun départ contraint avant septembre 2019, la conséquence de la décision de fermeture reste évidente : cela signifie le licenciement de 850 salariés et la perte d’une activité de poids dans ce bassin d’emploi girondin. 

L’annonce du constructeur américain est d’autant plus difficile à entendre par le personnel de l’usine (créée en 1972) qu’il a bataillé au fil des neuf mois pour obtenir la pérennité du site et la préservation d’emplois. 

Les efforts concédés par les salariés

Dans le cadre de ce plan hypothétique de reprise par Punch, les salariés avaient fait l’énorme effort d’accepter (par un vote massif le 11 décembre en assemblée général) l’accord de principe présenté par Punch. Il s’agissait de conditions sociales particulièrement sévères censées doper la compétitivité. Punch ne conservait ainsi que 400 emplois, programmait un gel des salaires pendant trois ans, une modulation du temps de travail et la perte de trois jours de RTT. 

En acceptant ces conditions drastiques, il s’agissait pour les salariés de parier sur l’avenir, en commençant par sauver le site et un maximum d’emplois. « On ne pourra pas dire que la reprise a capoté à cause des organisations syndicales » soulignaient le 11 décembre deux représentants syndicaux du site dont Jean-Marc Chavant pour FO à l’issue de l’AG des salariés. Nos adhérents nous ont dit qu’ils étaient prêts à concéder ces efforts précisait le militant FO. 

Ce 11 décembre la balle était encore dans le camp de Ford. Les salariés attendaient fébrilement la décision du constructeur lequel avait jusqu’au 18 décembre (date de la fin du PSE) pour se prononcer. Ford n’a pas attendu pour faire part de sa décision laissant notamment les pouvoirs publics en état de sidération. 

Les pouvoirs publics face à leur naïveté ?

Dans le cadre de la reprise par Punch, des collectivités territoriales (la région nouvelle-Aquitaine et la métropole de Bordeaux) et l’État s’étaient engagées à investir quinze millions d’euros. Punch de son côté apportaient 120 millions d’euros d’investissement sur Blanquefort. Ces derniers jours encore, le ministère de l’Economie espérant que la reprise du site par Punch aboutisse réunissait les différents acteurs du dossier à Paris. 

Ce 13 décembre, apprenant la décision de Ford, en quelque sorte un camouflet pour les pouvoirs publics, Bruno Le Maire réagissait en des termes peu communs pour un ministre. Il se disait « révolté et écœuré par cette décision qui ne se justifie que par la volonté de Ford de faire monter son cours de bourse ». Et d’évoquer le « mensonge de Ford » vis-à-vis du plan de reprise de Punch, sa « lâcheté » de n’avoir pas eu le courage d’informer le ministère de sa décision de fermeture ou encore la « trahison » de Ford envers des salariés qui avaient « accepté de faire des efforts considérables pour garantir la reprise ». 

Vers un remboursement des aides publiques ?

Les collectivités évoquant la décision dramatique de Ford s’efforçaient d’espérer encore et -tout comme le ministre- appelaient le constructeur à réviser sa position. De son côté, le Président de Bordeaux Métropole faisait part de sa consternation. Le Conseil départemental de la Gironde se disait lui scandalisé et annonçait sa volonté de demander à Ford le remboursement des aides publiques perçues. Un député de Gironde, de la majorité gouvernementale, semblait s’étonner de la décision de Ford alors que le groupe a profité d’aides publique… Des dizaines de millions d’euros effectivement entre le CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi), les aides publiques censées permettre le maintien de l’activité… Tout cela sans aucune contrepartie. 

De leur côté les salariés, en colère et les premiers concernés, accusent le coup de cette décision. C’est une immense déception indiquait ce 13 décembre Jean-Marc Chavant pour FO précisant c’est ce qu’on craignait. Les salariés de Ford Blanquefort n’ont pas dit toutefois leur dernier mot. Si le constructeur ne modifie pas sa position, ils entendent défendre bec et ongles leurs conditions de départs. 

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmark Close
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer

Travail temporaire dans les établissements publics : les plafonds de dépenses sont fixés

Un arrêté publié au Journal officiel d'aujourd'hui, fixe les plafonds des dépenses pour les missions de travail temporaire dans les établissements publics de santé et médico-sociaux. Le plafond est établi à 2 681 € par jour pour un médecin, odontologiste ou pharmacien. Pour les autres professions, il varie entre 54 € et 78 € de l’heure : 54 € pour un infirmier diplômé d’État, 73 € pour un infirmier de bloc ou anesthésiste, 56 € pour un manipulateur en...

Services de prévention et de santé au travail : la composition des dossiers d’agrément est mise à jour

Un arrêté paru au Journal officiel d'aujourd'hui, fixe la nouvelle composition des dossiers de demande ou de renouvellement d’agrément des services de prévention et de santé au travail (SPST). Le texte distingue les pièces à fournir selon qu’il s’agit d’un service autonome, interentreprises ou chargé du suivi des travailleurs temporaires. Il précise notamment les informations relatives aux effectifs suivis, aux médecins et infirmiers recrutés ou à recruter, aux...

Comité national de l’organisation sanitaire et sociale : une nouvelle personnalité qualifiée est nommée

Un arrêté publié au Journal officiel d'aujourd'hui, actualise la composition du Comité national de l’organisation sanitaire et sociale et désigne une nouvelle personnalité qualifiée. À la section sanitaire, siègent notamment :- la Fédération hospitalière de France (4 sièges) ;- les conférences des présidents de CME de CHU, de CH et de CHS (1 siège chacune) ;- la FEHAP (1 siège) et Unicancer (1 siège) ;- la Fédération de l’hospitalisation...

Une nouvelle nomination à l’inspection générale des affaires sociales

Un arrêté publié au Journal officiel d'aujourd'hui acte la nomination d’une nouvelle personne au sein de l’inspection générale des affaires sociales (IGAS). À compter du 1er octobre 2025, Nadège Grataloup, actuellement directrice d’hôpital, occupera un emploi de groupe II des services d’inspection générale ou de contrôle. Sa nomination est prononcée pour une durée de cinq ans, avec une période probatoire de six mois. ...

Le conseil d’administration de la caisse de retraite de la RATP accueille de nouveaux membres

Un arrêté publié au Journal officiel d'aujourd'hui acte plusieurs nominations au sein du conseil d’administration de la caisse de retraites du personnel de la Régie autonome des transports parisiens (RATP). Sont nommés membres titulaires : Stéphane Bidaud, qui remplace Olivier Galle, et Elisabeth Correia, qui succède à Marc Galliot. Côté suppléants, Magaly Cleuet est désignée en remplacement de Stéphane Bidaud et...