Comme ceci était annoncé, l’arrivée de Pascal Pavageau à la tête de la CGT-FO se traduit par une inflexion de la politique défendue par la centrale. Alors que Jean-Claude Mailly avait préféré s’abstenir, l’an passé, de participer à la définition d’une “plateforme revendicative” intersyndicale, M. Pavageau vient de s’engager sur cette voie. Ce développement constitue une mauvaise nouvelle pour le gouvernement.
Une initiative CGT et Solidaires
C’est lundi dernier, à l’occasion d’une réunion intersyndicale organisée par Solidaires et réunissant la CGT, FO, Solidaires, la FSU et les trois organisations syndicales de jeunesse Unef, Unl et Fidl, que les responsables de ces organisations ont pris la décision de travailler ensemble à l’élaboration d’une “plateforme revendicative”. Cette plateforme portera sur la protection sociale, le service public, la répartition des richesses, l’emploi et le travail. A la différence de son prédécesseur Jean-Claude Mailly, qui n’avait pas voulu contribuer à la plateforme revendicative lancée en 2017 sur le thème du travail, Pascal Pavageau ne rechigne donc pas à s’afficher aux côtés de la CGT et de Solidaires. Le changement est notable et FO en revient à une posture plus proche de celle qu’elle avait adoptée lors des débats relatifs à la loi El Khomri.
Le début d’une mobilisation ?
Dans l’immédiat, les représentants de l’intersyndicale n’ont pas évoqué de mobilisation des forces syndicales en lien avec cette plateforme revendicative. Il faut dire que l’heure est actuellement aux manifestations d’ordre politique et que les dirigeants de Solidaires et de la CGT n’ont probablement pas envie de prendre le risque de brouiller le message proprement syndical de l’intersyndicale. Pascal Pavageau, bien moins porté qu’eux sur les manifestations politiques, ne comprendrait pas un tel mélange des genres. D’autre part, dans la mesure où les partisans de la future plateforme entendent bien demander à Laurent Berger de les rejoindre après le congrès de la CFDT, il vaut mieux pour eux éviter de parler trop vite et trop fort de défilés et de manifestations. On sait en effet que le secrétaire général ne goûte que modérément ces modes d’action.
Un partenaire de moins pour le gouvernement
Certes, il n’est pas certain du tout que Laurent Berger acceptera de se joindre à une intersyndicale qu’il est difficile de ne pas étiqueter comme étant “contestataire”. Ceci étant dit, il n’en demeure pas moins qu’avec le ralliement de Pascal Pavageau à la CGT et Solidaires, le gouvernement vient de perdre officiellement l’un deux partenaires syndicaux qui lui ont permis de faire passer la pilule des ordonnances. Dans l’état actuel des choses, tout indique que le Président de la République et son Premier ministre se désintéressent tout à fait de ce type de préoccupations, négligeant plus ou moins ouvertement l’entretien de bonnes relations avec certains dirigeants syndicaux. Pourtant, alors que l’exécutif doit engager la réforme des retraites, il devrait s’inquiéter de la nouvelle ligne poltique défendue par FO.