Cet article est paru sur le site du syndicat de salariés FO
Une inquiétante augmentation des seuils sociaux
Avec le relèvement du plafond des seuils sociaux à 11, 50 et 250 salariés, une vieille revendication patronale est exaucée. Le projet de loi supprime les obligations liées au passage à 20 salariés, à l’exception de l’obligation d’emploi de 6 % de travailleurs handicapés. Concrètement, les entreprises de 20 à 49 salariés n’auront plus à mettre en place un règlement intérieur, à participer à l’effort de construction ou à cotiser à hauteur de 0,5 % pour le Fonds national d’allocation logement (FNAL). La mise à disposition d’un local syndical devient obligatoire à partir de 250 salariés, contre 200 actuellement. En outre, lorsqu’un nouveau seuil est franchi, les obligations ne seront applicables qu’après un délai de cinq ans. FO dénonce une mesure conduisant à exonérer de plus en plus d’entreprises des obligations qui leur sont liées
. Dans son avis sur le projet de loi rendu le 14 juin, le Conseil d’État observe que l’étude d’impact accompagnant ces dispositions présente de nombreuses insuffisances
. Il estime également, à propos des changements de seuil, que le délai de cinq ans n’est pas suffisamment motivé.
La très chère suppression du forfait social
Répondant à une proposition du Medef pour favoriser l’épargne salariale, le projet de loi supprime en partie le forfait social, une contribution de 20 % versée par l’employeur sur l’intéressement et la participation. Concrètement, la cotisation disparaît sur l’intéressement dans les entreprises de moins de 250 salariés et sur la participation dans celles de moins de 50 salariés. Le taux est également réduit à 10 % dans les PME de moins de 50 salariés pour les abondements des plans épargne d’entreprise en actionnariat salarié. Pour FO, plus favorable à une redistribution par le salaire, ces mesures vont accentuer encore davantage la perte de recettes pour les comptes sociaux
. En avril dernier, Bercy avait évalué le coût à 440 millions d’euros par an et d’autres sources font même état d’un manque à gagner pour la Sécurité sociale d’au moins 500 millions d’euros. Dans son avis, le Conseil d’État pointe un risque d’inconstitutionnalité pour rupture d’égalité et recommande de supprimer l’exonération du forfait social sur l’intéressement dans les PME de 50 à 249 salariés.
Trois nouvelles privatisations
Le projet de loi autorise l’État à se désengager du capital d’Aéroports de Paris (ADP), de la Française des jeux (FDJ) et d’Engie. Il va ainsi ouvrir la voie à de nouvelles privatisations
, s’inquiète FO. La cession de ces fleurons pourrait rapporter entre 10 et 15 milliards d’euros. Cette somme servira à abonder un nouveau fonds pour l’innovation, mais une partie pourrait aussi être affectée au désendettement de l’État.