Pour l’ouverture du 13e Congrès de médecine générale, Agnès Buzyn est venue défendre le contenu de la loi santé qui vient d’être votée par les députés en 1ère lecture. La ministre s’est ainsi attachée à démontrer l’utilité des CPTS (communautés professionnelles territoriales de santé).
On soulignera ces propos destinés à rassurer les médecins généralistes :
“Ces CPTS visent à apporter une réponse collective aux besoins de santé dans une approche populationnelle. Leur essor depuis 2 ans est avant tout dû aux initiatives des professionnels de santé de ville eux-mêmes.
Vous avez parfaitement identifié que les enjeux d’accès aux soins, d’organisation des parcours de santé, de prévention populationnelle, de maintien ou d’installation des médecins se jouaient en grande partie au niveau du territoire.
Les CPTS ont aussi pour missions d’améliorer les parcours de soins entre premier et second recours, entre ville et hôpital, de faciliter le maintien à domicile des personnes âgées ou en perte d’autonomie.
Et je voudrais couper court à tout malentendu : les CPTS ne sont pas un objet administratif, mais bel et bien un outil dont les professionnels de ville doivent s’emparer.
Nous avons d’ailleurs voulu lever dans la loi ce qui pouvait être considéré comme une tutelle des ARS : celles-ci ne pourront plus créer des CPTS de leur propre initiative et en l’absence de volonté des professionnels.
Je souhaite d’ailleurs que les ARS soient une force d’appui dans les projets pluri-professionnels, pas des instances de contrôle à la fois tatillonnes et chronophages.”
A l’occasion de son discours, la ministre a aussi fait référence aux nouvelles compétences données aux “autres acteurs de la première ligne de soins“:
“Progresser dans les coopérations entre médecins et autres acteurs de la première ligne de soins est en effet indispensable pour que notre système de santé puisse assurer la prise en charge du nombre croissant de patients âgés et atteints de pathologies chroniques.
Ces coopérations impliquent nécessairement des partages d’activités de soins et de prévention. Et ces partages ne peuvent être mis en œuvre que dans le respect des bonnes pratiques cliniques et dans des conditions d’organisation qui assurent la qualité des soins et la sécurité des patients.
Ces conditions sont plus facilement réunies dans le cadre d’un exercice en équipes pluri-professionnelles et coordonnées. Mais surtout elles ne peuvent être entreprises et réussies que sur la base des initiatives et du volontariat des professionnels.
Car je tiens ici à réaffirmer que rien ne se fera en passant en force et que nous choisirons toujours la voie du dialogue et de la concertation.
La loi adoptée en première lecture par l’assemblée nationale a ainsi procédé à une refonte du dispositif des protocoles de coopération issu de la loi HPST.
Ce nouveau dispositif simplifiera l’élaboration des protocoles par les professionnels, ainsi que leur procédure d’instruction.
Il remplacera l’adhésion individuelle des professionnels par l’adhésion des équipes souhaitant les mettre en œuvre.
Mes services mettront en œuvre ce dispositif dès la publication de la loi et cela en étroite concertation avec vous.
Je pense aussi que les infirmières en pratiques avancées, pourront également contribuer à assurer la prise en charge du nombre croissant de patients âgés et atteints de pathologies chroniques.
Le domaine d’activité des pathologies chroniques stabilisées doit pouvoir le leur permettre, que cela concerne les personnes âgées encore au domicile comme celles accueillies en structures d’hébergement.”
Autre sujet de discorde pour les médecins généralistes, celui des assistants médicaux. Certains professionnels ne seront probablement pas entièrement d’accord avec les propos d’Agnès Buzyn qui affirme :
“tous les généralistes que j’ai rencontrés m’ont dit que la présence d’un professionnel médico-administratif leur avait non seulement permis d’augmenter leur patientèle en libérant du temps médical, mais aussi d’améliorer la qualité de suivi des patients.
C’est bien les effets que j’attends à la suite des résultats de la négociation conventionnelle encore en cours sur le sujet. Nous devons travailler ensemble à relever ces défis et accompagner ces évolutions pour renforcer la place d’une médecine de première ligne, une médecine de proximité.
Car comme le montrent les partenariats que vous avez mis en place avec les autres CNP et les société savantes, encore tout récemment avec les Filières de Santé Maladies Rares, il n’y a pas de fossé entre la médecine de pointe et le quotidien des patients et de leur famille.
Au contraire, plus les patients ont besoin de recourir à une médecine de pointe et à des plateaux techniques lourds, plus il est utile qu’ils bénéficient d’une prise en charge globale par les médecins généralistes et les équipes de soins primaires.
Cette philosophie que vous portez, c’est la même philosophie du décloisonnement et du collectif que porte la stratégie Ma santé 2022.”
Retrouvez l’intégralité du discours en cliquant ici.