Une association d’aide aux victimes souligne que cette indemnisation ne doit pas occulter le fait que de nombreux autres dossiers ne connaissent pas un dénouement aussi favorable.
Exposé à la Dépakine pendant la grossesse de sa mère, un jeune homme handicapé a obtenu 1,3 million d’euros du fonds d’indemnisation des victimes de ce médicament, rapporte mardi 21 mai le quotidien Le Parisien. La somme a été annoncée au journal par la mère du jeune homme, âgé de 20 ans et qui vit avec elle dans le sud de la France. Ils souhaitent conserver l’anonymat.
Les troubles de ce jeune homme (malformation cardiaque, autisme, dépendance) liés à la Dépakine ont été “reconnus” et il fait partie, selon Le Parisien, des premières personnes indemnisées par le fonds mis en place par l’État pour dédommager les victimes de cet antiépileptique fabriqué par Sanofi.
Si la somme obtenue (1.326.721 euros précisément) a soulagé la victime et sa famille, car elle va leur éviter une longue bataille judiciaire, la mère du jeune homme regrette toutefois que le fonds n’ait pas retenu le terme d'”autisme” mais “trouble du déficit de l’attention”, une qualification utilisée, selon certains patients, pour tenter de minimiser certains versements.
Les autres victimes de la Dépakine mal embarquées
En outre, Marine Martin, présidente de l’Apesac, une association d’aide aux victimes, interrogée par le Parisien, a prévenu que cette indemnisation élevée masquait des décisions beaucoup moins favorables dans la plupart des dossiers. “Les premières indemnisations sont faibles, partielles, elles peuvent être de zéro, trente ou cent mille. C’est la roulette russe”, a-t-elle estimé.
La Dépakine est au centre d’un retentissant scandale sanitaire depuis plusieurs années à cause des malformations congénitales provoquées chez les enfants de femmes sous traitement pendant leur grossesse.
Le valproate de sodium, le principe actif de la Dépakine et ses dérivés, est responsable depuis 1967 de malformations chez 2.150 à 4.100 enfants, et de troubles neurodéveloppementaux chez 16.600 à 30.400 enfants, selon des estimations de l’assurance maladie et de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
Une procédure d’indemnisation est en cours, sous l’égide de l’Oniam (Office national d’indemnisation des accidents médicaux). Le géant pharmaceutique français Sanofi avait refusé en début d’année de contribuer à ce dispositif.