Chez Pro BTP, les pauses pipi des salariés sont décomptables du temps de travail

Cette publication provient du site du syndicat de salariés FO.

Bienvenue en absurdie… La caisse de retraite Pro BTP persiste dans sa nouvelle gestion des temps de pauses, y compris physiologiques. Au-delà d’une durée totale de 10 minutes par jour, elles sont décomptées du temps de travail, donc du salaire… Le syndicat FO, qui a dévoilé cette affaire des “pauses pipi“, continue d’appeler la direction à la raison, au risque d’une mobilisation, et pointe plus largement l’absence de dialogue social.

La direction de pro BTP n’en démord pas pour l’instant, persistant à maintenir sa nouvelle gestion des temps de pauses, y compris des pauses pipi. Le syndicat FO qui a dévoilé cette situation ubuesque compte obtenir le retrait de la mesure qui va à l’encontre du respect dû aux salariés… C’est à la fin mars en lisant des notes de service que les salariés de PRO BTP ont eu confirmation d’une nouvelle règle “digne d’un poisson d’avril“. En effet, à compter du 1er avril 2022, leurs pauses pour aller aux toilettes seraient décomptées de leur temps de travail, si elles dépassaient 10 minutes par jour. Une innovation sortie du chapeau par la direction de cette caisse de retraite et de prévoyance du secteur du bâtiment, classée comme organisme à but non lucratif et qui emploie quelque 3 500 salariés en France.

Le premier à être monté au créneau est Sébastien Guerre, DS FO PRO BTP du site de Nancy (Meurthe-et-Moselle), où travaillent 120 salariés. “D’après ces notes de service, les salariés doivent désormais débadger lorsqu’ils se rendent aux toilettes. A la base, nos pauses, qu’elles soient pour aller prendre un café, aller aux toilettes ou simplement se lever, étaient rémunérées. Tout ceci a changé au 1er avril. Pour un organisme paritaire, c’est vraiment malvenu !“. Le militant ne décolère pas.

Les salariés prêts à se mobiliser

On touche à l’intimité des salariés“, poursuit le DS, qui ajoute que cette règle est discriminatoire, notamment envers ceux qui auraient des problèmes médicaux. Par ailleurs, la décision de la direction limite forcément les déplacements des salariés, alors que la station assise prolongée est pourtant loin d’être recommandée par les médecins. “Une grande partie des salariés se sont élevés contre cette décision sur le site de Nancy (où FO est majoritaire, 55% aux dernières élections ndlr) et sont prêts à se mobiliser, y-compris ceux qui ne badgent pas” résume-t-il.

FO exige que la direction fasse marche arrière et que “l’ensemble des pauses physiologiques soient des pauses rémunérées“. Plusieurs réunions ont eu lieu depuis, notamment entre les DS FO de tous les sites PRO BTP (FO est 2e syndicat sur l’ensemble du groupe). Pour l’instant, la direction refuse de revenir sur sa décision. “La loi lui permet de décompter les pauses sanitaire, explique Sébastien Guerre. Nous tentons toujours de faire revenir la direction générale à la raison par le dialogue. Notre syndicat n’exclut pas une suite judiciaire et éventuellement une grève.

Car derrière cette décision, le DS déplore le “manque de dialogue” social et redoute qu’à l’avenir d’autres coups soient progressivement portés aux droits des salariés. “Il faut arrêter de mesurer le temps de travail comme si c’était un indicateur de qualité et de productivité” martèle-t-il.

Manque de dialogue social : le précédent du télétravail

Et en effet, un précédent épisode avait poussé les salariés du site de Nancy à se mettre en grève face à l’absence de dialogue social avec la direction générale. En plein Covid, en septembre 2021, les salariés du site de Nancy ont dû protester contre le refus de la direction générale de trouver un accord sur le télétravail. “Nous avons dû hausser le ton par la grève, relate le militant, parce qu’au retour en présentiel, la direction voulait revoir toute l’organisation du travail, et nous nous y sommes opposés. Nous voulions un accord spécifique au télétravail, que nous avons obtenu par une grève massivement suivie par les salariés”. Il n’exclut donc pas d’y avoir une nouvelle fois recours.

L’administrateur FO au Conseil d’administration de PRO BTP a d’ores et déjà été informé par les élus FO d’une possible action. Par ailleurs, l’inspection du travail est prévenue. Ce le sera aussi pour , la médecine du travail. “Si grève il y a, FO sera bien sûr présent pour soutenir tous les salariés” appuie le délégué.

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmark Close
0 Shares:
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Découvrez nos analyses et capsules vidéos
Lancer la vidéo

Le pouls des CCN #2 : le point sur la santé des HCR et la prévoyance des Services à la personne

Lancer la vidéo

Webinaire Tripalio #2 : Le point sur les catégories objectives dans les CCN

Lancer la vidéo

Webinaire Tripalio #4 : zoom sur les dernières grandes actus CCN santé/prévoyance

Lancer la vidéo

Le pouls des CCN #5 : l'actualité des CCN Syntec, chimie, sécurité sociale

Vous pourriez aussi aimer

France compétences accueille un nouveau membre

Le conseil d'administration de France compétences accueille un nouveau membre par arrêté ministériel. Il s'agit de Julien Bodin qui devient membre suppléant, en tant que représentant du ministre du budget, à la place d'Olivier Dufreix. Cliquez ici pour retrouver l'arrêté complet. ...

Avis d’extension d’un avenant à la CCN des cabinets ou entreprises d’expertises en automobile

Le ministre du travail et des solidarités, envisage d’étendre, par avis publié le 14 novembre 2025, les dispositions de l'avenant n° 93 du 19 juin 2025 relatif au financement de la fonction tutorale dans le cadre de la formation professionnelle, conclu dans le cadre de la convention collective nationale des cabinets ou entreprises d’expertises en automobile du 20 novembre 1996 (...

Avis d’extension d’un accord conclu dans la CCN de l’industrie de la chaussure

Le ministre du travail et des solidarités, envisage d’étendre, par avis publié le 14 novembre 2025, les dispositions de l'accord du 9 octobre 2025 relatif à la mise en œuvre de mesures urgentes en faveur de l'emploi et de la formation professionnelle, conclu dans le cadre de la convention collective nationale de l’industrie de la chaussure et des articles chaussants actualisée du 7 mars 1990 (...

Avis d’extension d’un avenant frais de santé dans la CCN des entreprises artistiques et culturelles

Le ministre du travail et des solidarités, envisage d’étendre, par avis publié le 14 novembre 2025, les dispositions de l'avenant du 24 avril 2025 relatif à la révision de l'art. XII.2.1.8 « Cotisations » concernant le régime complémentaire de frais de santé dans la branche des entreprises artistiques et culturelles du 1er janvier 1984 (IDCC...