Les partenaires sociaux – MEDEF, CPME et U2P côté patronal, CFDT, CGT, FO, CFTC et CFE-CGC côté salarial – se sont retrouvés hier, à la demande de l’exécutif, pour une négociation paritaire devant aboutir à une nouvelle révision des règles de fonctionnement de l’assurance chômage.
Cette réunion a donné lieu à une réaffirmation quelque peu inattendue – il faut bien le dire – du principe de la structuration et de la gestion paritaires de l’assurance chômage.
La lettre de cadrage unanimement rejetée
C’est, du moins, ce qu’il est ressorti de la tonalité des déclarations publiques que les uns et les autres ont formulé à l’issue des débats. En effet, ils ont unanimement dénoncé la “lettre de cadrage” de la négociation que l’exécutif leur a fait parvenir début août – qui prévoit, entre autres choses, le maintien de certaines règles durcissant l’indemnisation des chômeurs ainsi que la mise en place de prélèvements de plus de dix milliards d’euros, durant les prochaines années, sur les comptes de l’assurance chômage, afin de financer la transformation de Pôle Emploi en France Travail.
“On ne peut pas accepter que l’Etat continue de brouiller les responsabilités et les modalités de financement des différents dispositifs de la politique d’emploi” a ainsi déclaré Hubert Mongon, le négociateur patronal en chef, issu du MEDEF. “On a une trajectoire financière, des prévisions, des estimations qui sont contestables, et c’est ça qui présente un dénominateur commun entre organisations” a abondé Olivier Guivarch, pour la CFDT. Plus rugueux, Denis Gravouil, de la CGT, a déploré la volonté du gouvernement d’opérer un “hold up” sur les fonds de l’assurance chômage, au détriment des “besoins” des demandeurs d’emploi.
Vers une reprise de contrôle paritaire de l’assurance chômage ?
Particulièrement remontés, en somme, contre la démarche gouvernementale d’encadrement strict de leur gouvernance de l’assurance chômage, les partenaires sociaux seraient même prêts à “s’affranchir” purement et simplement de la lettre de cadrage. Jugeant “probable” une telle orientation, Hubert Mongon a précisé que, dans ce cas, les partenaires sociaux prendraient leurs “responsabilités”. “On ne s’interdit pas une communication commune” à l’issue de la prochaine réunion paritaire, a ajouté Eric Courpotin pour la CFTC.
Si l’on se souvient de la manière dont se sont déroulées les précédentes négociations sur l’assurance chômage, le contraste est saisissant. Pour mémoire, ne réussissant pas à obtenir des syndicats de salariés un durcissement des règles d’indemnisation du chômage, que le pouvoir macronien appelait de tous ses vœux, le patronat avait laissé ce dernier prendre le contrôle de l’assurance chômage. Les partenaires sociaux, MEDEF en tête, seraient donc décidés à revenir sur le devant de la scène s’agissant de l’organisation et de la gestion de cette politique sociale. Si la suite des opérations mérite d’être suivie de près, afin de vérifier que les intentions seront suivies d’effet, l’inflexion discursive est, en tout cas, notable.
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