Au Medef, quand Gattaz fait une sortie de route, c’est le patron de Michelin qui trinque

Ces dernières semaines, la succession de Pierre Gattaz à la tête du Medef a fait l’objet de bien des attentions du côté des acteurs et observateurs de la vie syndicale française. Au coeur des discussions ? L’éventuelle candidature de Jean-Dominique Senard, le patron de Michelin. Frappé par la limite d’âge, il pouvait pourtant être sauvé par le conseil exécutif de l’organisation qui se tenait hier lundi 11 décembre. Il n’en a finalement rien été. 

65 ans, c’est 65 ans !

C’est à une très large majorité que les membres du conseil exécutif du Medef ont refusé de modifier les statuts de l’organisation patronale afin de permettre aux éventuels candidats à la prochaine présidentielle âgés de 65 ans et plus – catégorie à laquelle aurait fait partie le patron de Michelin en juin, au moment de l’élection – de pouvoir se présenter. Sur les 45 dirigeants de la principale confédération patronale française, 30 ont refusé d’assouplir la condition d’âge statutaire. Dans la mesure où Pierre Gattaz, l’actuel “patron des patrons”, a clairement exclu de démisionner de son poste afin de provoquer une élection anticipée, il est désormais acté que Jean-Dominique Senard ne pourra pas se candidater à la présidence du Medef. 

Le fair play du perdant

Bon perdant, le principal intéressé a publié un communiqué afin de faire savoir qu’il se rangeait à la décision du conseil exécutif. “J’avais déclaré, il y a quelques semaines, que j’avais envisagé d’être candidat à la présidence du Medef tant les enjeux me paraissaient essentiels, pour les entreprises pour l’organisation patronale elle-même, et pour la modernisation de notre pays. J’avais déclaré que les statuts ne me permettaient pas d’être candidat mais que j’étais hostile à une modification (ou à une interprétation) de dernière minute. Je pensais qu’il pouvait y avoir d’autres solutions. Comme je le pensais, une majorité du conseil exécutif a refusé cette modification (interprétation) des statuts. Je prends acte de cette décision. Je confirme donc que je ne serai pas candidat.” 

Ainsi M. Senard met-il fin au psychodrame de son ex-probable candidature à la présidence du Medef. 

Pierre Gattaz en roue galette

S’il est vrai que le patron de Michelin est la principale victime de la malheureuse affaire qui s’est dénouée hier, encore faut-il préciser que Pierre Gattaz s’en sort en réalité beaucoup moins glorieusement encore. Ayant officiellement promu la candidature de M. Senard, mais ayant refusé de démissionner, il avait déjà laissé une curieuse impression. Incapable de faire en sorte que le conseil éxécutif accepte la modification des statuts, il vient en outre de faire aveu public d’impuissance. La Bérézina est telle qu’elle pourrait vite finir par poser quelques questions. Certains esprits chagrins devraient, par exemple, en venir à se demander si Pierre Gattaz souhaitait réellement une candidature Senard. 

Quoi qu’il en soit, le mot de la fin de l’aventure Senard est pour ce responsable du Medef cité par le Figaro :Comment a-t-on pu mettre Jean-Dominique Senard, un homme de cette qualité, dans une telle seringue?” On se le demande bien, en effet… 

L’UIMM en force

L’élimination de Jean-Dominique Senard avant même le début de la compétition ne fait, certes, pas que des malheureux. La voie est désormais libre pour Geoffroy Roux de Bézieux, actuel numéro 2 du Medef, et Alexandre Saubot, président de l’UIMM. Ces deux poids lourds font face à deux candidatures déjà annoncées de responsables patronaux faisant a priori plutôt figure d’outsiders : celle de Patrick Martin, président du Medef Auvergne – Rhône-Alpes, de Frédéric Motte, président du Medef Hauts-de-France. Précision pas inutile : ces deux présidents de Medef territoriaux sont par ailleurs des dirigeants d’entreprise dans la métallurgie… Autrement dit : l’UIMM semble vouloir peser lors de la prochaine élection à la présidence du Medef. 

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