Alors que le Premier ministre achève aujourd’hui ses entretiens de “concertation” avec les partenaires sociaux en vue de définir les grandes lignes de la future réforme de l’assurance chômage, Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, a fait savoir, dimanche dans un entretien accordé aux Echos et hier matin sur France Info, qu’il entendait “remettre le système à plat”. Une volonté qui n’a pas dû manquer d’inquiéter les dirigeants des organisations salariales.
Les petits paramètres
Interrogé au sujet des possibles évolutions de certains paramètres de l’assurance chômage, Geoffroy Roux de Bézieux a d’abord tenu à réaffirmer son refus catégorique de la mise en place d’un système de bonus-malus sur les contrats courts. “L’idée est de dire que je taxe et que le comportement va changer. Mais, le problème c’est que le comportement est lié au business-modèle, à l’activité” a-t-il en effet déclaré, ne fermant toutefois pas la porte à des discussions dans les branches professionnelles.
Par ailleurs, au sujet de la dégressivité des allocations chômage pour les cadres, le président du Medef a signifié son accord avec le gouvernement : définissant cette option comme “un paramètre comme un autre”, il a sous-entendu qu’elle pourrait tout à fait être discutée comme un élément contribuant au rééquilibrage financier de l’Unédic. Ces deux éléments étant évoqués, le président du Medef a pu faire état de ses souhaits de réforme structurelle pour l’assurance chômage.
Pour un système dual
C’est la principale évolution de l’assurance chômage prônée par M. Roux de Bézieux : il estime opportun de mettre fin à l’organisation actuelle du système, qui se caractérise selon lui par un mélange des genres discutable entre paritarisme et Etat.
A la place, le président du Medef veut dualiser l’assurance chômage, en instituant d’une part un régime étatisé, qui dispenserait “une allocation universelle forfaitaire financée par la CSG, gérée par l’État, qui intégrerait l’ASS [allocation de solidarité spécifique, pour les chômeurs ayant épuisé leurs droits] et potentiellement d’autres minima sociaux” et d’autre part un régime paritaire, qui serait “un régime assurantiel complémentaire obligatoire, géré par les partenaires sociaux, comme c’est le cas pour les retraites complémentaires, financé par les cotisations des entreprises, non garanti par l’État et avec une règle d’or : l’équilibre des comptes”. Les mauvais esprits noteront que, du point de vue du Medef, une telle refondation présenterait notamment l’avantage d’étatiser tout à fait la dette de l’Unédic.
Une partie salariale complexe
En prenant connaissance des déclarations du patron des patrons, les dirigeants des organisations salariales ont probablement été pris d’une certaine anxiété. S’il défend en effet le maintien d’un système paritaire recréé – système dans le cadre duquel les représentants des salariés auront souvent plus d’espaces pour se faire entendre que dans les couloirs des ministères – il n’en demeure pas moins que M. Roux de Bézieux propose de cantonner ce système à une part seulement de l’indemnisation chômage et que, surtout, il pose comme principe essentiel son équilibre budgétaire. Autrement dit : les syndicats de salariés devraient faire avec une assurance chômage largement étatisée, c’est-à-dire financée en fonction de contraintes budgétaires de plus en plus strictes, et dont la part demeurée paritaire aurait elle aussi un financement rigide.
Autant dire que, lors de la prochaine négociation sur l’avenir de l’assurance chômage, la partie des dirigeants des organisations salariales s’annonce complexe.