C’est jeudi 19 avril qu’a lieu l’élection du futur président de l’union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM), la plus importante des composantes du patronat français. Deux candidats : Paul Rolland et Philippe Darmayan, sont en lice afin de succéder à Alexandre Saubot, qui ne se représente pas puisqu’il postule à la présidence du Medef. Plutôt ouverte, l’élection conditionne le sort de M. Saubot.
Philippe Darmayan, la continuité technocratique
A priori, Philippe Darmayan a bien des chances de succéder à Alexandre Saubot. Proche de ce dernier, il cumule toutes les propriétés sociales qui font traditionnellement les dirigeants nationaux de l’UIMM : diplômé d’une grande école, HEC, il dirige aujourd’hui ArcelorMittal France après avoir fait sa carrière à la tête des plus grands groupes français, notamment Péchiney, Framatome, puis Arcelor, et enfin, il est un représentant patronal de premier plan, président du GFI, vice-président de France Industrie et administrateur du conseil national de l’industrie. Sans être un apparatchik patronal, Philippe Darmayan est un représentant du grand patronat industriel et technocratique, qui saurait porter la parole de l’UIMM aussi bien auprès d’autres organisations d’employeurs, qu’auprès des pouvoirs publics et des organisations salariales.
Paul Rolland, le profil de la rupture
Tout ou presque oppose Paul Rolland et Philippe Darmayan. Patron d’une PME d’usinage micromécanique qui emploie 25 salariés, qu’il a lui-même créée en 1979 et qu’il va prochainement transmettre à ses fils, Paul Rolland est un patron autodidacte dont les diplômes sont uniquement des certificats d’aptitude professionnelle. De ce point de vue, Paul Rolland est représentatif de bien des adhérents de l’UIMM. Ancré de longue date dans le territoire lyonnais, M. Rolland préside depuis 2012 l’UIMM Lyon – une organisation importante au sein du réseau national de l’UIMM. Paul Rolland fut d’ailleurs un soutien de Pierre Gattaz en 2013. Pour les électeurs de l’UIMM, faire le choix de Paul Rolland constituerait une rupture certaine, qui conforterait la représentativité de l’échelon national mais remettrait en question son ancrage au sein des bureaucraties patronales et étatiques.
Le sort d’Alexandre Saubot en jeu
Bien que ce soit du côté du Medef que ses regards se tournent désormais, Alexandre Saubot suivra attentivement l’élection à l’UIMM. En effet, ses chances de succès dans le cadre de l’élection du Medef dépendent largement du soutien dont il bénéficiera ou non de la part de l’UIMM. En l’occurrence, une victoire de Philippe Darmayan serait très bon signe pour lui. A l’inverse, une victoire de Paul Rolland compliquerait singulièrement sa partie. S’il est vrai que, sur le papier, cette seconde hypothèse n’est pas la plus probable, il n’en demeure pas moins qu’elle ne saurait être écartée d’un revers de la main. Non seulement parce que l’existence même de la candidature Paul Rolland témoigne de la relative friabilité des équilibres traditionnellement en vigueur à la tête de l’UIMM mais en outre parce que les territoires contribuent pour les deux tiers à l’élection du président de l’organisation.