A la CGT, on regrette toujours le bon vieux temps de la Pravda

La CGT de Philippe Martinez, c’est bien connu, ne manque jamais une occasion de rappeler à quel point elle est en phase avec tous les combats dits “sociétaux” de notre temps.

 

Ainsi, se croyant toujours au bon vieux temps de la Pravda, où la seule parole médiatique autorisée était celle des apparatchiks, la CGT vient de faire savoir qu’elle ne se rendrait plus sur les plateaux de CNews tant qu’Eric Zemmour y tiendra tribune. 

Un concentré de moraline contemporaine

Le communiqué de presse publié à cette occasion par la centrale de Philippe Martinez est un délicieux concentré de la moraline contemporaine. Rien n’a été oublié : dénonciation des “idées d’exclusion, de haine, de xénophobie, de LGBTphobie, de racisme” véhiculées selon elle par M. Zemmour et refus des “nombreuses dérives racistes de la ligne éditoriale de ce média [CNews, ndlr]”, le tout, bien évidemment, a grand renfort d’écriture inclusive.  

Forte de ses belles idées et de ses beaux principes, la CGT en vient dès lors à affirmer que “plus aucun.e représentant.e officiel.le de la Direction nationale de la CGT ne se rendra sur les plateaux de CNews tant qu’Éric Zemmour, déjà condamné pour incitation à la haine religieuse, continuera de distiller librement ses paroles haineuses sur cette chaîne”. Le message est clair : la CGT ne saurait se salir les mains et l’esprit en cautionnant, par son auguste présence sur les plateaux de CNews, les propos du polémiste.  

Appels à la censure et au licenciement

Plus encore, la CGT en appelle clairement à la censure d’Eric Zemmour, tout en s’érigeant – ça ne mange pas de pain et ça fait démocrate – en défenseur de la liberté d’expression. “Si la CGT réaffirme que le droit à l’information est un des piliers essentiels de toute démocratie, elle conteste la libre diffusion de propos discriminants et racistes”. A la CGT, on est pour le droit à l’information, mais à la seule condition que l’informateur promeuve la ligne confédérale officielle ou, au pire, ne s’en éloigne pas trop. 

Bien lancée dans sa démonstration d’ouverture d’esprit, l’organisation de Philippe Martinez en vient même à appeler, à demi-mot certes, à l’éviction de M. Zemmour de la chaîne d’information. “Consciente que l’immense majorité des salarié-e-s de CNews ne partage pas les propos d’Éric Zemmour, elle demande à la Direction de la chaîne de prendre ses responsabilités” écrit-elle en effet. Connu pour ses méthodes managériales brutales, Philippe Martinez donne ici aux dirigeants de CNews ses bons conseils de gestion des ressources humaines. 

La CGT à la ramasse

Une nouvelle fois, la prise de position de la CGT vient prouver à quel point cette centrale est tout à fait à la ramasse. La CGT semble n’avoir pas compris que c’en était fini du temps où le bon petit peuple se contentait pour son information des belles paroles que lui adressaient les prêcheurs officiels de la pensée unique. 

D’autre part et quoi que l’on pense, sur le fond, des combats sociétaux cégétistes, force est de reconnaître qu’en se privant d’une tribune pour les défendre – et, d’ailleurs, d’une tribune d’autant plus pertinente que M. Zemmour en dispose lui-même – la CGT se tire une balle dans le pied. Une de plus. 

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