La déontologie du fonctionnaire au coeur du procès de François Pérol

Le procès de François Pérol s’ouvre ce lundi 22 juin 2015 devant le tribunal correctionnel de Paris. 

L’ancien secrétaire général adjoint de l’Elysée devenu président du directoire du groupe bancaire BPCE est jugé pour prise illégale d’intérêts.  

 

François Pérol mis en cause pour violation de la déontologie

Lorsqu’il travaillait à l’Elysée aux côtés de Nicolas Sarkozy, François Pérol a piloté la fusion des Caisses d’épargne et des banques populaires en 2009.  

Suite à ce rapprochement, il a été nommé président du directoire du groupe bancaire BPCE en mars 2009.  

Cette nomination a fait grand bruit et l’ouverture d’une information judiciaire pour prise illégale d’intérêts à son encontre avait été ordonnée par la Cour de Cassation le 27 juin 2012. 

D’ailleurs, les syndicats CGT et SUD de la banque se sont constitués partie civile au procès.  

Il est accusé d’avoir enfreint les règles de la déontologie du fonctionnaire. 

Aujourd’hui, il est poursuivi sur le fondement du délit de pantouflage. En effet, le code pénal interdit à un fonctionnaire de travailler pour une entreprise qu’il a surveillée ou conseillée dans les trois ans suivant la cessation de ses fonctions.  

Or, il est reproché à François Pérol d’avoir accepté de prendre la tête du groupe Banque populaire Caisses d’épargne (BPCE) quelques temps après avoir supervisé le rapprochement des deux groupes bancaires.  

Il encourt jusqu’à 2 ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende. En cas de condamnation, il pourrait également perdre son poste à la BPCE.  

Face à cette accusation, François Pérol se défend. Il affirme “ne pas être sorti du cadre de ses fonctions” et “n’avoir joué aucun rôle” dans les décisions prises par les dirigeants. 

Il jure ne pas avoir pas été candidat à ce poste qui lui aurait été proposé. François Pérol n’aurait accepté qu’en raison de l’urgence de la situation pour la survie du secteur bancaire français en temps de crise.  

 

 

La réglementation sur la déontologie des fonctionnaires semble inopérante

Ce procès va surtout permettre de lever le voile sur les relations entre le monde de la finance et le monde de la politique. 

Ces dernières années, nous avons assisté à des allers-retours d’un grand nombre de hauts fonctionnaires entre l’Elysée et les banques. 

Ce phénomène pourrait être dû à l’insuffisance du contrôle des règles déontologiques applicables aux fonctionnaires.  

Pourtant, c’est la commission de la déontologie qui doit apprécier si le passage d’un haut fonctionnaire du public vers le privé est conforme à la déontologie. Une circulaire du 31 octobre 2007 avait même recommandé sa saisine en cas de doute sur un dossier pour qu’elle donne un avis.  

Or, celle-ci n’avait pas été saisie lors de la nomination de François Pérol en 2009. 

Le parcours de François Pérol rappelle celui de son successeur Xavier Musca. Après avoir été secrétaire général adjoint à l’Elysée, il a pris la tête du Crédit-Agricole en 2012. D’ailleurs, la Commission de la déontologie avait accordé un avis favorable à sa nomination.  

Ainsi, les défaillances de la Commission de la déontologie et de l’actuelle réglementation des conflits d’intérêts n’ont pas empêché des hauts fonctionnaires de l’Elysée d’accéder à la direction des plus grandes banques françaises.  

 

 

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmark Close
0 Shares:
Découvrez nos analyses et capsules vidéos
Lancer la vidéo

Le pouls des CCN #1 : le régime santé de la CCN Syntec

Lancer la vidéo

Le pouls des CCN #5 : l'actualité des CCN Syntec, chimie, sécurité sociale

Lancer la vidéo

Le pouls des CCN #3 : les enjeux de la rentrée de septembre 2025

Lancer la vidéo

Le pouls des CCN #2 : le point sur la santé des HCR et la prévoyance des Services à la personne

Vous pourriez aussi aimer

Les salaires 2025 de la conchyliculture sont officialisés

Les partenaires sociaux de la conchyliculture (IDCC 7019) ont signé leur avenant dédié aux salaires applicables en 2025 le 7 janvier 2025. Ce texte est tout juste diffusé officiellement et s'applique depuis le 1er février 2025. Il est signé par l'organisation d'employeurs SNEC et les syndicats de salariés CGT Syndicats maritimes, CFTC Agri, SNCEA CFE-CGC et FGTA...

Les CQP révisés en 2024 paraissent tardivement dans le conseil et service en élevage

Les certificats de qualification professionnelle (CQP) de la convention collective nationale (CCN) du conseil et service en élevage (IDCC 7027) étaient révisés par un accord signé le 11 juin 2024. Ce n'est que maintenant que le texte est diffusé officiellement. Cet accord a été signé par les organisations d'employeurs SNCIA et Eliance association ainsi que par les...

Un avenant révise le travail sur un jour férié ou un jour de repos dans la CCN des activités hippiques

Les partenaires sociaux de la convention collective nationale (CCN) des activités hippiques (IDCC 7026) ont mis à jour les modalités de travail pendant un jour férié ou un jour de repos hebdomadaire. Ce sont précisément les mesures qui concernent l'entraînement de chevaux de courses et débourrage pré-entraînement au trot qui sont visées. L'avenant 4 à la CCN a été...

Les salaires et primes 2025 de la CCN des activités hippiques sont publiés

Par un avenant n° 3 à leur convention collective nationale (CCN), les partenaires sociaux des activités hippiques (IDCC 7026) font évoluer les salaires, les primes et indemnités liées aux déplacements. Cet avenant est daté du 13 mai 2025 et s'applique depuis le 1er juin 2025. Le texte a été signé par les organisations d'employeurs AEDG et SEDJ, d'une part, et par les...

La cession du holding du courtier français Leader Insurance examinée par l’Autorité de la concurrence

L'Autorité de la concurrence signale un nouveau projet de rachat d'un courtier français. Ce projet implique la tête du Groupe Leader Insurance. C'est Ardonagh France, entité française du groupe Ardonagh, basé en Grande-Bretagne, qui envisage d'acquérir le contrôle exclusif de la société Génération Insurance, à la tête du Groupe Leader Insurance et de nombreuses autres filiales. Cette concentration peut faire l'objet d'observations jusqu'au 3 décembre...