Plan de relance : les réactions patronales et syndicales

Les organisations d’employeurs et syndicats de salariés ont réagi à l’annonce du plan France Relance.

Pour la CPME, c’est un bel élan à concrétiser.

Le plan France Relance présenté aujourd’hui viendra soutenir l’activité économique et l’investissement. Il portera à plus long terme des effets structurants en misant sur l’innovation et la décarbonation de notre économie. 

La baisse des impôts de production, ciblée sur la fiscalité locale, au travers notamment de l’abandon de la part régionale de la CVAE et de la réforme de la taxe foncière des locaux industriels, concernera l’ensemble des TPE-PME. Cette avancée majeure réclamée de longue date par la CPME, contribuera au renforcement de la compétitivité des entreprises françaises. 

L’effort financier visant à soutenir la relocalisation de la production industrielle est également à saluer. Il convient toutefois de préciser que cette mesure ne sera véritablement efficace que si elle s’inscrit dans un contexte global allégeant les contraintes administratives et orientant les achats publics ou des collectivités territoriales, prioritairement vers les entreprises françaises. 

Pour trouver un équilibre entre les emplois à sauvegarder et les emplois à créer, le soutien au financement des entreprises sera déterminant. Au-delà du renforcement des fonds propres des PME prévu dans le plan de relance, autorisant notamment des prêts participatifs, la CPME plaide, via le PGE, pour la mise en place d’un « prêt consolidation » permettant à toutes les entreprises, y compris les plus petites, de regrouper leurs échéances bancaires ou liées aux aides publiques (reports de charges…) consenties à l’entreprise pendant la crise, avec un remboursement à moyen terme. 

La CPME souligne également l’importance du plan jeune permettant aux entreprises de bénéficier d’une aide au recrutement des jeunes de moins de 26 ans de 4000€ sur un an. La Confédération des PME s’engagera pour soutenir l’emploi des jeunes qui incarnent l’avenir de nos entreprises et ne doivent donc pas être les laissés-pour-compte de la période actuelle. 

Enfin, la Confédération des PME se félicite de la méthode retenue visant tout à la fois à centraliser les décaissements, conventionner avec les collectivités locales et réaffecter les crédits non utilisés dans les délais impartis. Elle sera particulièrement vigilante à ce que les TPE-PME soient directement impactées sans que les méandres administratifs ne viennent contredire une volonté politique clairement affichée. 

Pour les PME, l’enjeu n’est pas de bénéficier d’aides financières mais de retrouver un environnement, une activité et un carnet de commandes ouvrant des perspectives de développement, d’investissement et d’embauches. Ce plan de relance devrait y contribuer. 

 

Le MEDEF salue le contenu du plan.

Au regard de l’ampleur de la crise inédite du Covid qui a soudainement arrêté l’économie dans le monde entier, le MEDEF salue les choix du plan de relance, notamment celui de privilégier la transformation de l’économie et les secteurs d’avenir. Le MEDEF s’inscrit complètement dans l’objectif d’une économie décarbonée et souveraine. 

En particulier, le MEDEF salue les 30 milliards consacrés à la transition écologique car celle-ci nécessite de la part des entreprises et en particulier des PME des investissements massifs. La baisse des impôts de production, demandée par le MEDEF depuis 2014, va encourager le « produire en France ». C’est un premier pas qui va permettre de remonter les marges et donc à terme de (re) créer des emplois notamment industriels. Le MEDEF rappelle qu’il reste 53 milliards d’écart avec l’Allemagne. Le MEDEF salue aussi les 3 milliards destinés à renforcer les fonds propres des entreprises et notamment des PME indispensables pour investir dans l’avenir. Mais ce plan présente deux risques auxquels il faudra veiller : 

  • la mobilisation de l’enveloppe doit être très rapide pour faire repartir la croissance de notre économie. Il faut absolument éviter les travers d’une mise en œuvre trop lente comme ce fût le cas de certaines mesures du plan de relance en 2008 ;
  • certains secteurs particulièrement touchés ne sont pas encore dans la phase de relance. Pour eux, il est indispensable de prolonger les mesures d’urgences adoptées au printemps qui évitent la défaillance des nombreuses entreprises de ces secteurs.

Alors que nous allons vivre une relance progressive et hétérogène d’un secteur à un autre, d’un territoire à un autre, il est capital que, dans le déploiement des mesures du plan de relance, le gouvernement soit tout autant réactif pour irriguer notre économie au plus près des entreprises et des territoires. Le MEDEF partage pleinement les enjeux d’avenir que présente ce plan et invite ses adhérents à s’engager à leur tour. Lors de la Rencontre des entreprises de France, il s’est engagé à mobiliser les entreprises sur l’emploi des jeunes et pour qu’elles recrutent en 2020 autant d’alternants qu’en 2019. Convaincu de la nécessité d’agir en faveur d’une croissance responsable, il agit pour que davantage d’entreprises s’engagent à investir pour décarboner leur production. Enfin, aucun pays européen ne pouvant être prospère dans une Europe qui ne l’est pas, le MEDEF rappelle que le plan de relance s’appuie sur les investissements que permet la solidarité européenne pour laquelle il a milité avec ses homologues allemands et italiens. C’est pourquoi il soutient activement les alliances industrielles européennes indispensables à la souveraineté de l’Europe et de la France. 

 

L’U2P réclame un vrai suivi du plan.

L’économie française est au milieu du gué. L’arsenal de mesures d’urgence prises depuis le déclenchement de la crise sanitaire et économique a permis à la grande majorité des entreprises de résister malgré la baisse historique d’activité.  

Aujourd’hui il s’agit de mettre du carburant dans le moteur de l’économie afin qu’elle puisse trouver rapidement et durablement le chemin de la reprise. Le plan de relance du gouvernement répond en plusieurs points à cet objectif, les PME et les TPE n’étant pas oubliées dans l’équilibre général de ce plan.  

Cependant, l’U2P considère « France Relance » comme un point de départ et souhaite qu’un comité de suivi soit instauré afin de vérifier l’efficacité des mesures et de s’assurer que l’ensemble des catégories d’entreprises, notamment les 3 millions d’entreprises de proximité, soient bien associées à la relance. 

La baisse de 20 milliards des impôts de production sur deux ans doit être saluée, de même que l’engagement de ne pas augmenter les impôts des Français, deux décisions qui sont de nature à soutenir la trésorerie des entreprises et la consommation des ménages. 

L’U2P accueille également favorablement la décision de soutenir massivement l’emploi des jeunes et de développer les contrats d’apprentissage et de professionnalisation pour aider les entreprises à investir dans la formation des jeunes et à préparer les compétences de demain. 

Les 7 milliards d’euros consacrés à la rénovation énergétique des bâtiments publics, des logements et des locaux d’entreprises, envoient un signal fort au secteur de la construction. Les dispositifs devront être simplifiés pour être accessibles aux artisans du bâtiment. 

Enfin, les aides à la numérisation des entreprises et à la revitalisation des centres-villes vont dans le bon sens, même s’il conviendra que les TPE en bénéficient au plus profond des territoires. 

Ainsi, si les mesures du plan de relance vont dans la bonne direction, il est indispensable de mettre en place un suivi opérationnel national et territorial de façon à veiller à la participation effective des plus petites entreprises aux différents axes du plan. 

L’U2P attend du gouvernement qu’il s’appuie massivement sur les 3 millions d’entreprises de l’artisanat, du commerce de proximité et des professions libérales pour déployer le plan de relance. 

 

FO réclame la préservation des emplois.

Le Premier ministre accompagné des ministres concernés a présenté aujourd’hui les différents aspects du plan de relance. 

En premier lieu, FO relève que les 100 milliards € déjà annoncés, qui s’ajoutent aux 470 milliards € des mesures d’urgence, consistent pour beaucoupen aides publiques aux entreprises. 

Or, si les mesures telles que l’activité partielle, et aujourd’hui l’activité partielle de longue durée, ont vocation à préserver l’emploi, FO constate et conteste que l’ensemble des aides, dont les mesures d’aides directes à la trésorerie, les baisses d’impôts et exonérations de cotisations, ne soient pas conditionnées et contrôlées au non-licenciements. FO rappelle que l’on a trop souvent connu des situations où sous la pression des actionnaires, des dirigeants n’ont pas hésité au terme du bénéfice d’aides publiques diverses, dont le CICE, à stopper ou délocaliser en tout ou partie des activités et supprimer les emplois associés. 

FO estime indispensable que des dispositifs de contrôle et de sanctions soient prévus contre les opérations de captation des aides publiques à des finsd’optimisation fiscale ou de rémunération des actionnaires, notamment de la part de donneurs d’ordres sur les sous-traitants ou les fournisseurs, dont sontalors victimes plus souvent des PME, TPE et leurs salariés. 

S’il est nécessaire d’assurer aux jeunes en apprentissage et formation en alternance d’obtenir des contrats, pour FO il faut empêcher les effets desubstitution, en évitant les effets de turn over sur ces emplois subventionnés et en vérifiant que ces contrats débouchent sur de véritables emplois en CDI.FO estime aussi nécessaire de renforcer les moyens des lycées professionnels ainsi que de l’AFPA, sujets sur lesquels elle a d’ores et déjà interpellé legouvernement. 

Pour FO, l’affirmation du Premier ministre d’assurer la soutenabilité des finances publiques sans augmenter les impôts ne doit pas se traduire par des mesures d’austérité sur les ménages. FO réaffirme en particulier que le salaire n’est l’ennemi ni de l’emploi ni du climat, et estime légitime et nécessairel’ouverture de négociations sur les salaires à tous les niveaux, auxquelles ne peuvent se substituer les dispositifs de participation et intéressement, exonérés de cotisations sociales. FO rappelle qu’elle estime indispensable une réforme d’ampleur de la fiscalité, dominée par les dispositifs de type taxe(TVA, CSG), rétablissant et renforçant par la progressivité de l’impôt. 

Et, comme elle n’a de cesse de l’affirmer depuis la crise sanitaire, FO revendique que soit mise en œuvre – à l’image de ce qui a été négocié et obtenudans le secteur de la santé – la revalorisation d’ensemble des métiers et emplois dits de la « deuxième ligne » (du commerce, dont les caissières), dela distribution, les salariés des transports, les manutentionnaires, les salariés des services à la personne, à domicile notamment, en passant par lessalariés de la sous-traitance, en particulier du nettoyage – propreté, de la prévention – sécurité, sans oublier les agents des services publics). 

Puisque le gouvernement sera dans les Vosges cet après-midi et que le Premier ministre a évoqué la nécessité d’aider les bassins d’emplois en difficulté, FO avec ses syndicats localement attend, entre autres, que le dossier de l’entreprise Inteva et de son établissement à St Dié dont la fermeture est annoncée, verra une solution préservant les emplois. 

 

Pour la CGT le gouvernement n’a retenu aucune leçon.

C’est dans un exercice de communication savamment orchestré, que le quatuor gouvernemental mené par le Premier ministre a présenté le plan de relance du programme électoral du candidat Emmanuel Macron. 

Dès ses premiers mots, Jean Castex a souhaité réaffirmer que les considérations sanitaires avaient été prises en compte avant les considérations économiques, ce qui a engendré une récession soudaine et brutale. La pandémie a brutalement accéléré une crise qui était annoncée. La situation impose de changer radicalement de politique. 

Pourtant, ce n’était pas le ton des annonces du Premier ministre. 

Prenons l’exemple des impôts de production. Cette mesure était réclamée, depuis plusieurs années, par le patronat. Castex s’exécute ! Qui plus est « avec de possibles contreparties mais sans conditionnalités ». On n’en saura pas plus. Si ce n’est que les entreprises seront exonérées d’impôts de production à hauteur de 10 milliards d’euros par an et cela sans aucune condition. Ce qui n’est pas le cas pour les demandeurs d’emploi au regard des nombreux justificatifs de démarches à présenter pour obtenir ou conserver ses indemnités de chômage. 

En outre, à cette enveloppe, il faut ajouter les 40 milliards d’euros de CICE de l’année passée. 

Concernant l’enveloppe dédiée à la transition écologique (30 milliards d’euros), elle recouvre, par exemple, 5 milliards d’euros qui seront vraisemblablement prélevés sur les dividendes de la SNCF pour alimenter un fonds de concours qui donnera dans les trois à quatre ans qui viennent des subventions à SNCF réseau… La relocalisation industrielle – dont le mot franchit enfin la bouche de nos dirigeants depuis la crise sanitaire – sera dotée d’un milliard d’euros… Que dire sur la réelle ambition politique à ce sujet ? 

L’élément le plus marquant est sans nul doute l’absence de toute vision stratégique.  

Ainsi, pas un mot n’a été prononcé, aucune allusion n’a été faite sur la reconstruction de filières essentielles, en France comme en Europe, pour assoir notre indépendance sur des filières stratégiques comme le médicament et ne pas à nouveau se retrouver nus à la prochaine crise. Rien non plus d’annoncé pour les milliers de salariés des secteurs dont les grands groupes délocalisent ou réduisent l’emploi (Sanofi, Nokia, Air France, Renault, etc.) et dont les sous-traitants sont en première ligne. 

Enfin, comment ne pas être stupéfait face au mutisme gouvernemental sur les services publics qui, pourtant, ne cessent de montrer leur rôle majeur et, plus particulièrement, durant cette crise sanitaire, économique et sociale ? 

Par ailleurs, quelle certitude concernant les 40 milliards d’euros émanant du plan de relance européen pour la période 2021-2024 ? Les salariés, les précaires, les privés d’emploi et même les jeunes resteront sur leur faim. Ce plan ne s’adresse pas à eux. 

En rupture avec le paradigme dans lequel les financiers de tous bords et leurs chantres souhaitent nous enfermer, ce plan a pour ambition de répondre aux défis posés et de mettre l’humain au-dessus de la finance. 

La CGT propose de faire grandir, partout et dans les entreprises, des débats pour que les salariés échangent et décident du travail et des stratégies de production. Nous proposons de travailler moins et mieux mais toutes et tous. 

Le 17 septembre prochain, journée d’action interprofessionnelle, nous défendrons un vrai projet de transformation. 

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