L’Organisation Internationale du Travail distingue les pays développés des pays en voie de développement lorsqu’elle dresse le bilan des mesures actuelles en faveur des retraités. Cependant, elle montre aussi son inquiétude quant à un futur phénomène d’iniquité intergénérationnelle.
C‘est peu dire que les différents partis nous tiennent parfaitement en haleine sur la question des retraites et des réformes qui doivent l’accompagner, ou non. Mais aujourd’hui, c’est directement l’Organisation Internationale du Travail qui vient apporter son éclairage sur la situation des pensions de retraites dans le monde. Et la France n’est pas épargnée.
De plus en plus de personnes toucheront leur retraite
“Garantir la sécurité du revenu des personnes âgées est un objectif crucial parmi les objectifs de bien-être que les sociétés modernes cherchent à atteindre.” L’OIT donne le ton et quelques statistiques intéressantes. On pouvait s’y attendre, les différences régionales en matière de protection des revenus des personnes âgées sont importantes : les pays élevés ont des taux de couverture proche de 100% quand ils ne sont que de 22,7% en Afrique sub-saharienne. Grosse surprise…
Non, là où le rapport devient plus intéressant, c’est dans les prédictions concernant les personnes en âge de toucher les pensions et la protection réelle de leurs revenus. Ainsi, l’Europe du Nord, Sud et Ouest ont des taux actuels de cotisations qui atteignent 86,7%.
Le rapport conclut en affirmant que si le niveau de revenu contribue évidemment à de bonnes prises en charge, ce sont surtout le marché du travail, l’application de la loi et la gouvernance du pays qui jouent.
Mais une équité intergénérationnelle qui devrait se dégrader
Pour cet indicateur, toutes les importantes dépenses françaises en la matière viennent confirmer que le modèle est viable. Mieux, l’OIT présente explicitement la France, la Grèce et l’Italie comme “les pays chefs de file, avec les allocations les plus élevées.” Ces pays aux revenus élevés dépensent respectivement 14,3%, 16,4% et 17,5% de leur PIB. Cocorico !
Oui mais non justement. Car l’OIT met en garde les pays face à un danger que les réformes sur les retraites peuvent amener : l’iniquité intergénérationnelle.
Le rapport met directement en garde la France en évoquant le fait que la multiplication des emplois et contrats de travail atypiques qui toucheront en majeur parti des jeunes, les obligeront à cotiser plus pour des pensions qui seront moindre par rapport à leurs ainés. Le constat est aussi le même concernant les femmes puisque l’OIT appelle à une prise de conscience rapide de leurs conditions de travail qui conduiront aussi à des pensions plus faibles que ce qui est actuellement proposé. En clair, on parle d’inégalité salariale et de temps de cotisation plus courts.
Reste maintenant à savoir si les recommandations de l’OIT vont peser sur les concertations en cours, ou si la France fera bande à part.