Le comité de suivi des retraites, énième comité théodule inventé pour dissoudre la réforme nécessaire dans un bain de miel anti-oxydant, a rendu la semaine dernière, au Premier Ministre, son deuxième avis sur l’avenir des retraites. En voici le texte:
On y lira quelques passages qui valent leur pesant d’or, comme celui-ci:
“Le comité souligne que tant pour le court terme que pour la trajectoire de long terme, les résultats de la négociation en cours sur les régimes complémentaires sont déterminants pour l’appréciation qui peut être portée sur la pérennité financière du système. Le comité constate que, pour les régimes obligatoires de base et le FSV, le retour à l’équilibre financier en 2018 ne paraît pas possible, sauf mesures nouvelles, du fait de la révision à la baisse des hypothèses macro-économiques intervenue en 2015. A long terme, dans des scénarios économiques favorables (1,5% d’augmentation de laproductivité ou plus, scénario de référence retenu par la loi du 20 janvier 2014), et compte non tenu des négociations en cours sur l’AGIRC et l’ARRCO, l’équilibre financier du système dans son ensemble serait atteint à compter du milieu ou de la fin des années 2020. Avec des hypothèses de croissance plus faibles (moins de 1,5% pour la productivité), l’équilibre ne serait pas atteint sans mesure complémentaire.”
Les lecteurs basiques comprennent que, faute de retour à la croissance et faute d’une réforme drastique des retraites complémentaires, le retour à l’équilibre du régime en 2020 est totalement illusoire. Le bon sens voudrait donc que le gouvernement mette en chantier une nouvelle réforme des retraites. Dans la perspective d’une candidature de François Hollande en 2017, cette annonce ne serait évidemment pas la plus porteuse.
Le gouvernement en a donc tiré les informations suivantes:
“Le Comité estime que les objectifs définis par la loi sont tenus. Il ne propose donc pas de mesure corrective pour l’année en cours. Il souligne combien le système français de retraites apparaît d’un bon niveau dans les comparaisons internationales. S’il appelle à ce qu’une vigilance particulière soit accordée à l’évolution des pensions les plus modestes, le Comité indique que notre système permet aujourd’hui de répondre à nos objectifs quant au niveau de vie des retraités. Ils ont en effet dans une large mesure été préservés des effets de la crise économique.”
Certains réveils seront douloureux pour l’opinion publique française…