L’implication du Health data hub dans la crise du coronvavirus dans le viseur du Conseil d’Etat

L’implication de la nouvelle Plateforme des données de santé (aussi appelée Health data hub) dans l’analyse de la crise du coronavirus pourrait être de courte durée. En effet, un référé-liberté contre la mise en oeuvre accélérée du système vient d’être déposé devant le Conseil d’Etat qui se prononcera le 11 juin.

 

D’après Mediapart qui a révélé l’information, plusieurs associations et personnalités, dont Didier Sicard, président d’honneur du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), sont à l’origine de cette demande. Les auteurs du référé-liberté considèrent simplement que cette mise en place accélérée de la Plateforme des données de santé ferait peser un risque grave sur le droit au respect de la vie privée des individus dont les données de santé à caractère personnel, qui sont des données dites sensibles, vont être traitées. 

 

Les données de santé traitées à marche forcée par la nouvelle plateforme

Si un arrêté a été pris pour confier à la plateforme des données de santé la mission de récolter les données liées au coronavirus, c’est parce que cette nouvelle plateforme est très récente. Elle remplace notamment l’ancien Institut national des données de santé (INDS) dans le rôle de guichet unique pour examiner les projets de recherches en santé. Surtout, cette plateforme a pour autre rôle essentiel de réunir et d’organiser la mise à disposition des données de santé. Elle est ainsi destinataire des données provenant en partie du Système national des données de santé (SNDS) qui, contrairement à ce qui peut être lu ça et là dans certains médias, n’est pas du tout remplacé par la Plateforme des données de santé et continue à être opérationnel. 

L’arrêté pris le 21 avril 2020 permet ainsi à la nouvelle plateforme de recevoir de nouvelles informations malgré un avis peu enjoué de la CNIL. Cette dernière s’est effectivement interrogée sur l’accélération du calendrier, potentiellement compromettant pour la sécurité des données. 

 

Mais ce qui semble surtout déranger les auteurs de la demande déposée auprès du Conseil d’Etat, c’est le choix qui s’est porté sur le service d’hébergement géré par Microsoft pour stocker les données récoltées. Là encore, la question de la sécurité des données de santé est remise en question par la CNIL qui rappelle dans son avis que les données de la Plateforme des données de santé pourraient être transférées de façon tout à fait légale aux Etats-Unis. 

 

Cependant, la CNIL reconnaît que les autorités américaines ne devraient pas pouvoir accéder légalement à ces données, en principe. Malgré tout, la CNIL a fortement recommandé à la Caisse nationale d’assurance maladie, responsable du traitement, de veiller à ce que toutes les données soient hébergées sur le territoire de l’Union européenne. 

Le choix de l’hébergeur américain Microsoft soulève aussi la question de la souveraineté française et européenne sur ses données. Le fondateur d’OVH (géant français de l’hébergement) a reconnu, dans un fil Twitter, qu’OVH n’était pas près au lancement du projet en novembre 2018. Cependant, des clarifications sur les services attendus et les caractéristiques du projet devraient être apportées publiquement. 

 

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmarkClose
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer
avocats Kerialis
Lire plus

L’Autorité de la concurrence recommande la création d’un nouvel office d’avocat au Conseil d’État et à la Cour de cassation

L’Autorité de la concurrence a publié le 16 avril 2025 son cinquième avis sur la liberté d’installation des avocats au Conseil d’État et à la Cour de cassation pour la période 2025-2027. Cet avis concerne directement les professions regroupées dans la convention collective nationale des avocats au Conseil d’État et à la...

La Cipav nomme un administrateur provisoire jusqu’à fin 2025

Un arrêté publié au Journal officiel d'aujourd'hui, nomme Laurent Caussat administrateur provisoire de la Caisse interprofessionnelle de prévoyance et d’assurance vieillesse (Cipav) jusqu’au 31 décembre 2025. Cette nomination fait suite à la décision du tribunal judiciaire de Paris, en date du 9 janvier 2025, qui a annulé les élections du conseil d’administration de la Cipav organisées entre le 9 et le 24 mai 2024. En l’absence de conseil...

Diot-Siaci enregistre une croissance de 14 % en 2024

Le Groupe Diot-Siaci atteint un chiffre d’affaires brut de 1,03 milliard d’euros en 2024, en hausse de 14 % par rapport à 2023. Hors acquisitions récentes, la progression repose sur une croissance organique soutenue. L’activité réalisée hors de France progresse de 24 % et représente désormais près de...

Abeille Assurances publie des résultats 2024 en nette progression

Abeille Assurances réalise en 2024 un chiffre d’affaires consolidé de 6,9 milliards d’euros, en progression de 4,2 % par rapport à 2023. Le résultat net atteint 79 millions d’euros, contre 53 millions un an plus tôt, soit une hausse de 49 %. Les fonds propres s’élèvent à 2,2 milliards d’euros, tandis que les ratios de solvabilité atteignent 137 % pour l’activité IARD & Santé et 216 % pour Abeille Vie​. ...