Alors que la réforme des retraites est en cours d’examen à l’Assemblée Nationale, des échanges paritaires quelque peu curieux se font jour à son endroit sur les réseaux sociaux.
Sur Twitter, Geoffroy Roux de Bézieux, le président d’un Medef jusqu’alors tout à fait acquis à la cause de l’étatisation du régime, laisse désormais entendre qu’il serait peut-être bon de laisser sa chance au paritarisme.
Le Medef pour “une vraie autonomie de gestion”
Vendredi dernier, en début d’après-midi, commentant un article des Echos relatif à la gouvernance du futur régime unifié de retraite, M. Roux de Bézieux interpellait Yves Veyrier, le secrétaire général de FO, et François Hommeril, le président de la CFE-CGC, à ce sujet. Il les invitait plus ou moins explicitement à réfléchir à une gouvernance prioritairement paritaire du futur régime. “Il faut que nous ayons une vraie autonomie de gestion avec une représentation proportionnelle des employeurs et des salariés, et que le Parlement puisse corriger la trajectoire si elle s’écarte du tracé. Qu’en dites-vous ?” écrivait-il en effet, sous-entendant que les pouvoirs publics ne devraient intervenir en matière de gestion des retraites qu’en cas d’échec des partenaires sociaux.
FO veut sauver le paritarisme des retraites
Dans la foulée de ce message, Yves Veyrier a réaffirmé le refus de FO de l’étatisation des retraites. “Une des raisons de l’opposition de Force Ouvrière au système universel de retraite par points est qu’il étatise la protection sociale et en évince la liberté de négociation et la liberté contractuelle” a-t-il d’abord indiqué. M. Veyrier a ensuite insisté sur l’attachement de FO aux institutions paritaires : “Nos organisations respectives ont toujours été parties prenantes du paritarisme – négociation et gestion de la part de la rémunération du travail – le salaire – consacrée aux retraites (Agirc-Arrco), à l’Assurance chômage, à la formation professionnelle”.
Partant de là, le patron de FO a appelé l’ensemble des dirigeants des organisations salariales et patronales représentatives à s’entretenir “librement” de la manière de préserver l’outil paritaire. “Concentrer entre les seules mains de l’Etat la conduite de l’économie et de la protection sociale constituerait une erreur historique. Si nous faisons tous ce constat, parlons-en librement !” a-t-il lancé.
“Trouver une date”
Pendant plusieurs jours, les réponses de M. Veyrier sont demeurées sans réaction de la part du président du Medef. Puis, hier, ce dernier repris le fil de l’échange en proposant clairement la tenue d’une réunion paritaire. “Il n’y a plus qu’à trouver une date” a-t-il en l’occurrence avancé. Si M. Roux de Bézieux n’a pas précisé si, dans son esprit, une telle réunion devrait ou non porter spécifiquement sur les retraites, il n’en reste pas moins que sa prise de position témoigne d’un changement d’attitude de sa part.
Les prochains jours diront si le Medef entend enfin s’opposer à l’étatisation générale de la politique des retraites en France.