L’affaire pourrait faire beaucoup parler d’elle dans les prochains jours et les prochaines semaines : alors que, dans le cadre de la réforme des retraites, le Medef semblait jusqu’à présent tout à fait favorable au principe de la réduction de 8 à 3 PSS de l’assiette de la cotisation au futur régime dit “universel” de retraite, sa position semble avoir nettement évolué ces derniers jours.
C’est, en tout cas, ce qu’ont avancé les Echos hier en fin d’après-midi.
Les retraites et la “compétitivité” des entreprises
D’après le quotidien économique, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a déclaré devant la commission spéciale sur les retraites de l’Assemblée Nationale que la sortie de l’assiette du futur régime universel des rémunérations annuelles supérieures à 120 000 euros pourrait engendrer d’importants problèmes pour les entreprises.
Devant déplorer une chute future de leur taux de remplacement, les cadres les mieux rémunérés pourraient en effet décider de quitter la France. Les entreprises pourraient, certes, les maintenir sur place en leur proposant des compléments de retraite par capitalisation, mais à un coût bien supérieur à celui du régime AGIRC actuel. La réduction prévue de 8 à 3 PSS de l’assiette de la cotisation pose un “problème de compétivité”, d’après M. Roux de Bézieux – qui, soit dit en passant, reconnaît là les bienfaits de la socialisation du financement des retraites…
Le retour des hostilités industrie-services ?
D’après les Echos, c’est notamment l’UIMM, la puissante fédération de la métallurgie, qui pousserait afin de revenir sur la réduction de l’assiette des cotisations retraites. L’UIMM serait ainsi favorable à un maintien d’une assiette à 8 PSS, comme elle existe à l’AGIRC depuis 1988. Il est fort probable que la position de l’Avenue de Wagram reflète également celle d’autres professions industrielles, dans la mesure où ces professions sont effectivement celles qui ont le plus à perdre à l’évolution de l’assiette de cotisation voulue par le gouvernement.
Si les professions liées aux services à haute valeur ajoutée, notamment les professions financières, ne semblent pas s’être d’ores et déjà exprimées au sujet d’un éventuel abandon du passage des 8 aux 3 PSS, il y a tout lieu de penser qu’elles refuseront catégoriquement une telle hypothèse. L’assurance, la banque et la gestion de fonds, qui sont évidemment tout à fait favorables à cet aspect de la réforme des retraites, susceptible de leur dégager des marges de progression pour la capitalisation, ne devraient guère apprécier la récente sortie de M. Roux de Bézieux.
Cette affaire de l’assiette des cotisations retraites est à suivre de près car elle pourrait engendrer des débats très vifs au sein du patronat.