Cette publication est initialement parue sur le site du syndicat de salariés FO.
A l’initiative de la fédération FO-Santé, rejointe par six organisations syndicales, les personnels des Ehpad et de l’aide à domicile seront en grève mardi 30 janvier. Avec leurs syndicats, ils demandent au gouvernement des effectifs supplémentaires et les moyens financiers nécessaires à la prise en charge dans de bonnes conditions des personnes âgées accueillies et soignées. L’ampleur du mouvement témoigne de la dégradation sans précédent du secteur.
Une grève nationale et un appel commun inédits dans le secteur des maisons de retraite et de l’aide à domicile : les organisations syndicales FO, CGT, CFDT, CFTC, CGC, UNSA et SUD appellent les personnels des Ehpad publics et privés à cesser le travail mardi 30 janvier, dans le cadre d’un mouvement national, assorti de débrayages dans les établissements et de manifestations dans toute la France. Plus d’une quarantaine d’actions communes sont d’ores et déjà prévues dans les départements, indiquait Luc Delrue, secrétaire fédéral à la fédération FO-Santé, le 25 janvier.
Une initiative soutenue par les directeurs d’établissement
L’initiative, qui revient à la fédération des Services publics et de santé FO après la consultation de 350 délégués lors d’une conférence nationale fin novembre, est soutenue par l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) et par les organisations de retraités, dont l’Union confédérale des retraités FO (UCR-FO).
Un rassemblement devant le ministère de la Santé
À Paris, un rassemblement aura lieu partir de 14 heures devant le ministère de la Santé, où les représentants des fédérations syndicales devraient être reçus. Après avoir formulé une troisième demande, ils sont finalement aussi conviés à un rendez-vous à l’Elysée.
Ils exposeront leurs revendications, tout comme le feront les délégations syndicales dans les départements et les régions, auprès des agences régionales de santé et des préfectures.
Pour un ratio d’un agent par résident
Parmi les principales revendications : l’application d’un ratio d’un agent par résident conformément au plan Solidarité grand âge de 2006, le retrait de la nouvelle réforme de la tarification jugée inique, l’octroi de moyens financiers et humains suffisants avec notamment le maintien des contrats aidés, ainsi que l’amélioration des rémunérations et des carrières.
Le 25 janvier, quelques heures avant une conférence de presse des organisations syndicales et de l’AD-PA, la ministre de la Santé Agnès Buzyn annonçait le déblocage de 50 millions d’euros supplémentaires pour les Ehpad en difficulté.
Il faudrait 200 000 postes supplémentaires
C’est une provocation pour les organisations syndicales et pour les professionnels sur le terrain. 50 millions d’euros, c’est l’équivalent de 2500 postes dans les Ehpad, alors qu’il faudrait environ 200 000 postes supplémentaires dans les 7 000 Ehpad publics et privés pour revenir à une situation décente et combler notre retard !, réagit Luc Delrue.
Tous les Ehpad sont en difficulté, poursuit-il,la ministre de la santé maintient pour l’instant sa réforme de la tarification. C’est bien le problème, on fonctionne dans une logique d’enveloppe fermée, des suppressions massives de postes sont à craindre. Globalement, c’est sept postes en moins par Ehpad.
Le 25 janvier, lors d’une conférence de presse, soignants, syndicats et directeurs ont donné un aperçu de la situation catastrophique pour les personnels et pour les résidents des Ehpad.
Des toilettes tête mains fesses
A l’école, il fallait quarante minutes pour faire la toilette complète d’une personne alitée, et aujourd’hui on nous demande de faire 12 à 15 toilettes par matinée, alors on en arrive à des toilettes tête, mains, fesses, témoigne Sandrine Ossard, aide-soignante dans un Ehpad.
La salariée évoque encore des personnes qui peuvent marcher que l’on met dans des fauteuils, pour gagner du temps, une alimentation mixée, car cela va plus vite, des résidents qui ne respirent plus l’air du dehors car on ne les sort jamais. C’est juste inadmissible, juge-t-elle.
La situation est la même dans l’aide à domicile, il faut accompagner les personnes âgées dans des temps de plus en plus courts, souligne Pascal Champvert, directeur de l’AD-PA. Si le gouvernement avait affaire à des dockers, les revendications seraient déjà satisfaites, estime-t-il. Mais les personnels des Ehpad sont essentiellement féminins et très investis. Leurs actions syndicales sont beaucoup moins visibles.
Des personnels à bout
La situation s’avère toutefois aujourd’hui très tendue, voire explosive. Après des mouvements de grèves disséminés, les syndicats ont décidé de faire monter la pression d’un cran, avec une mobilisation nationale, pour faire aboutir les revendications de personnels à bout.
Les syndicats ont d’ores et déjà prévu de se revoir après la journée de grève et de manifestations du 30 janvier. Objectif : faire le point sur les propositions de l’Elysée et de la ministre de la Santé. Et décider d’une suite à la mobilisation, si nécessaire.