La DARES a publié une étude, réalisée auprès de 34 000 salariés, dans laquelle elle souligne le rôle de la situation économique d’une entreprise quant aux risques psychosociaux.
En effet, plus une entreprise est confrontée à des problèmes financiers, plus les salariés sont exposés à des risques psychosociaux. Tous les éléments du cadre professionnel entrent en jeu : les conditions d’emploi, l’organisation du travail, les relations professionnelles, l’intensité du travail et enfin l’insécurité économique. Ces facteurs peuvent engendrer des risques pour la santé mentale, physique et sociale du salarié.
Les établissements classés selon 5 situations conjoncturelles
Les contextes économiques varient selon la fluctuation de l’activité, le nombre d’heures travaillées et les mesures prises pour les aménager, les effectifs ou encore des changements importants pour l’entreprise. L’étude a ainsi distingué 5 profils d’entreprises en fonction de leur situation économique :
- Des établissements « stables » (31% des salariés) : la fluctuation de l’activité est faible, l’organisation n’a pas été trop bousculée et il n’y a pas eu non plus de restructuration ces trois dernières années.
- Des établissements « flexibles » (35%) : l’activité de l’entreprise connaît des variations à la hausse et à la baisse de manière successive.
- Des établissements « en croissance » (7%) : grâce à une activité en hausse des mesures sont prises pour les heures travaillées et/ou les effectifs.
- Des établissements « restructurés » (14%) : l’activité est stable en moyenne, mais des changements comme des fusions ou des restructurations ont pu avoir lieu au cours des trois dernières années.
- Des établissements « en crise » (13%) : l’activité est en baisse, par conséquent des mesures ont été prises pour réduire les effectifs et/ou les heures travaillées.
En fonction de la situation économique de l’entreprise, les risques psychosociaux diffèrent
Sans surprise, ce sont les établissements « en crise » qui connaissent une plus grande insécurité de l’emploi : 15% des salariés craignent de se retrouver au chômage. Comme les changements dans l’entreprise sont imprévisibles, les salariés y sont mal préparés. Leur santé mentale en est fragilisée et le travail personnel fourni leur semble insatisfaisant (manque de formation, travail bâclé, aucune reconnaissance personnelle du travail rendu…).
Les employés des entreprises « restructurées » et « flexibles » craignent aussi pour leur emploi. Dans ces deux types d’établissements, les salariés s’attendent à vivre des changements sans y être préparés, voire à changer de métier.
Les salariés des structures « en croissance » sont moins en proie à ces tensions. Seuls 5% d’entre eux ont peur de se retrouver au chômage. La situation économique de ces établissements rassure les employés, qui ne s’attendent pas à devoir changer de métier rapidement.
Des risques psychosociaux dus à la surcharge de travail
Le rythme de travail influe de manière prépondérante sur l’exposition aux risques psychosociaux. Les salariés des établissements « restructurés » et « en crise » sont les plus nombreux à ressentir une surcharge de travail et un rythme trop contraignant.
Les salariés des entreprises « flexibles » font aussi face à un travail intense. 50% d’entre eux déclarent devoir se dépêcher « toujours » ou « souvent ». Au contraire, dans les établissements « stables », les risques psychosociaux dus à une surcharge de travail sont 22% moins élevés que pour les employés des structures « flexibles ».
En outre, dans les établissements « flexibles », les salariés ne sont que 30% à ne pas réussir à s’organiser comme ils le souhaiteraient : cela s’explique notamment par la variation de l’activité de ces entreprises. Pour autant, les employés se sentent en majorité écoutés par leurs supérieurs ; bien qu’ils ne soient pas toujours d’accord avec leur façon de faire.
Les salariés des établissements « en crise » apparaissent plus affaiblis
L’insécurité économique favorise les risques psychosociaux, il n’est donc pas étonnant que les salariés d’établissements dits « en crise » y soient plus exposés. 11% d’entre eux ont une santé mentale fragilisée, contre 6% dans les établissements « en croissance ». Les relations entre collègues des structures « en croissance » sont apaisées, ce qui favorise une cadre de travail stable et sans tension. Alors que ces relations sont beaucoup plus tendues pour plus de 25% des salariés des établissements « en crise ».
Ces derniers déclarent plus fréquemment avoir une mauvaise voire très mauvaise santé due à leur travail. Alors que l’impact du travail sur la santé est minimisé dans les établissements « stables ». Enfin, si les salariés des établissements « en crise » présentent plus de troubles psychosociaux, cela se justifie notamment par l’intensité de leur travail ainsi que l’insécurité économique à laquelle ils doivent faire face.