Alors qu’Apple a plus qu’entamé sa diversification d’activité avec de lourds investissements dans l’e-santé, Google se lance dans une course contre la montre pour rattraper son retard. Plusieurs outils et applications d’aide au suivi de santé devraient rapidement voir le jour. Mais qu’en est-il vraiment du sort de nos propres données de santé et personnelles ?
La santé est le nouveau terrain de guerre des GAFA. Dernièrement, Apple a officiellement opéré son changement de cap en investissant massivement dans l’e-santé. La firme à la pomme développe plusieurs outils pour mieux prendre en charge les maladies chroniques. On parle d’un oreiller connecté mais aussi d’applications pour détecter les problèmes cardiaques.
Seulement, Apple ne serait pas le seul géant à vouloir mettre la main sur un pactole de plus de 300 milliards de dollars, ce que pourrait représenter le marché de l’e-santé d’ici 2027. Son concurrent Google se met en ordre de bataille. Entre développement de ses propres applications, commercialisation d’outils numérique pour suivre l’état de forme de consommateurs et rapprochements avec des laboratoires, la firme est bien décidée à rattraper son retard.
Diversifier les activités avec l’e-santé
Le chiffre d’affaires de Google explose. D’après la plateforme Statista, il atteindrait près de 111 milliards de dollars en 2017. Parallèlement, les risques de pertes pour Google pourraient aussi être majeurs et expliquer cette volonté de développer de nouvelles activités. Rappelons que les Etats-Unis ne permettront plus à Google de fournir des logiciels et autres matériels informatiques à Huawei, numéro 2 mondial de la téléphonie mobile.
De plus, Google est régulièrement visé par diverses amendes. L’Union Européenne a sanctionné Google de 6 milliards d’euros d’amende pour abus de position dominante dans la recherche en ligne mais aussi pour celle d’Android. Par ailleurs, le chiffre d’affaires d’Alphabet, la maison-mère de Google, accuse un coup de mou dans un marché hyper-concurrentiel.
La guerre du smartphone touchant à sa fin, avec des perspectives financières qui ne sont plus les mêmes qu’il y a une quinzaine d’années, Google prend la trace d’Apple en investissant dans l’e-santé. Récemment, l’entreprise a développé une intelligence artificielle capable de détecter les cancers du poumon avec une certitude au moins égale à celle d’un praticien confirmé.
Le programme est de type “machine learning”, autrement dit il est capable d’apprendre ses erreurs pour se développer de façon autonome. Lors de sa dernière phase d’essai, l’IA a examiné près de 45 000 radios de poumons stockées dans la base de données du National Institute of Health pour détecter si les patients étaient touchés par un cancer.
Les résultats du programme ont ensuite été comparé aux analyses de six praticiens reconnus : le taux de réussite de l’IA était de 5% supérieur aux professionnels de santé. Mieux, elle a aussi détecté respectivement 11% et 5% en plus de faux-positifs et faux-négatifs. Les chercheurs restent néanmoins prudents face à ses résultats en expliquant que les résultats d’une IA mal-calibrée seraient au moins aussi dangereux que ceux d’un spécialiste peu attentif.
Google signe un accord avec Sanofi
Preuve que Google a pour objectif de durablement s’implanter dans le domaine de la santé, sa filiale Verily, elle-même filiale de la maison-mère Alphabeat, a noué un partenariat avec quatre laboratoires reconnus : Novartis, Otsuka, Pfizer et Sanofi. L’idée est de permettre à ces derniers d’améliorer les recherches cliniques en profitant de Verily pour mieux “sélectionner des patients lors d’essais cliniques, exploiter les données qui en résultent et générer des données en vie réelle (tolérance du traitement, qualité de sommeil du patient…).”
“L’utilisation d’algorithmes peut nous aider à définir plus vite si le profil des patients correspond ou pas aux besoins et s’il existe pour lui une opportunité de traitement.”
Lionel Bascles, responsable de la recherche clinique chez Saonfi
Sur les dix qui sont nécessaires à mettre sur le marché un nouveau médicament, les laboratoires en consacrent entre deux et trois au seul choix des patients pour des essais cliniques. Avec cet accord, Verily qui a levé près de 2 milliards de dollars de fonds en début d’année, se positionne sur un secteur qui en rapporte 70 milliards.
A terme, Verily, donc Google, ambitionne de disposer d’une “carte de la santé humaine”. Si ces avancées pourront évidemment servir dans le secteur médical, n’en reste pas moins que des questions éthiques devraient être posées. Est-il vraiment judicieux de laisser ces données aux géants du numériques, plutôt connus pour leurs pratiques douteuses sur le sujet ?