CGPME et MEDEF à la bourre sur l’IS

Le Premier Ministre devrait annoncer aujourd’hui la baisse l’impôt sur les sociétés (IS) pour les PME. Cette nouvelle positive donne lieu à des interprétations très différentes selon l’organisation patronale concernée.  

Bientôt trois taux d’IS

La baisse de taux annoncée par le Premier Ministre devrait donc ouvrir un système à trois taux. Les entreprises réalisant un chiffre d’affaires inférieur à 7,63 millions d’euros continueront à acquitter un impôt sur les sociétés de 15% pour la tranche de bénéfices inférieures à 38.120 euros. Mais, au lieu de passer au taux de 33,3% au-delà de 38.120 euros, elles se verront appliquer un taux de 28% jusqu’à un nouveau plafond qui n’est pas encore fixé. La taxation à 33,3% ne sera applicable qu’à la marge supérieure au nouveau plafond. 

La mesure est paraît-il transitoire jusqu’à son “universalisation” en 2020. Les puristes s’amuseront de cette disposition qui répond à l’objectif annoncé le 14 juillet par François Hollande de réserver une partie des mesures annoncées dans le cadre du pacte de responsabilité aux seules PME. Il s’agit, pour l’Elysée, de “punir” Pierre Gattaz pour son manque d’engagement en faveur de l’emploi. 

Pour Pierre Gattaz, c’est la curée

Sans surprise, le MEDEF a donc montré son manque d’enthousiasme pour une mesure qui ne bénéficie qu’aux PME et qui ne simplifie pas la réglementation ni le pilotage fiscal des entreprises. Sur ce point, on ne lui donnera pas tort.  

Mais au-delà des réserves techniques, le MEDEF ne peut qu’encaisser en silence une nouvelle marque de disgrâce. Certains auront d’ailleurs noté que, dans son livre de pseudo-confidences publiées cet été, François Hollande n’a pas manqué d’égratigner méchamment Pierre Gattaz.  

«Il ne tient pas grand-chose dans son organisation. Parfois, on vous aide tellement maladroitement qu’il vaut mieux éviter» 

aurait déclaré François Hollande. 

Une demi-victoire pour la CGPME

Pour la CGPME, la mesure annoncée par Manuel Valls constitue en revanche une demi-victoire. L’organisation présidée par François Asselin fait en effet campagne pour une baisse de l’IS à 25%. L’abaissement partiel (et marginal) des taux constitue donc un premier pas dans cette direction, même si l’effort est encore jugé insuffisant. François Asselin s’est d’ailleurs déclaré, à l’agence Reuters, “très réservé” sur une annonce qui fera sentir ses premiers effets en 2018. 

Sur le terrain de la communication, en revanche, la CGPME peut se targuer d’avoir marqué quelques points et d’apparaître comme l’objet d’une campagne de bonnes grâces de la part du gouvernement, là où le MEDEF trinque.  

La France reste la championne européenne de l’IS

Sur le fond, la mesure gouvernementale paraît une fois de plus trop timide par rapport à l’ensemble européen. La moyenne de l’Union se situe désormais à 25% de taux d’imposition, dont de véritables “rabais”. L’Irlande pratique par exemple un taux de 12,5% et le Royaume-Uni lui emboîte le pas à 20%. Le départ de Netflix pour les Pays-Bas, annoncé aujourd’hui, pour des raisons fiscales apportera de l’eau au moulin de tous ceux qui considéreront qu’une fois de plus, le gouvernement ne va pas assez loin dans les réformes.  

 

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmark Close
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer

Un premier avenant intéressant pour la PSC du ministère de l’Intérieur

Un an après la signature de l’accord ministériel du 16 mai 2024 sur la protection sociale complémentaire (PSC) des agents du ministère de l’Intérieur et des outre-mer, un premier avenant est venu, le 12 mars 2025, en corriger plusieurs aspects. Publié au Journal officiel d'aujourd'hui, ce texte modifie la structure des bénéficiaires, ajuste un article sur la gouvernance et corrige une rédaction ambiguë sur les ayants droit. La principale évolution porte sur...

Budget 2025 : plus de 33 milliards d’euros alloués aux établissements médico-sociaux par la CNSA

Un arrêté publié au Journal officiel d'aujourd'hui, fixe pour l’année 2025 l’objectif de dépenses et le montant total annuel des financements alloués aux établissements et services médico-sociaux relevant de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). L’objectif de dépenses est établi à 33 248,30 Md€ pour l’ensemble du secteur. Ce montant se répartit entre 17 538,87 Md€ pour les établissements et services accueillant des personnes âgées...

Dotations médico-sociales 2025 : 32,55 Md€ répartis entre les régions par la CNSA

Par décision du 2 juin 2025, publiée au Journal officiel d'aujourd'hui, la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) a fixé les dotations régionales limitatives applicables aux établissements et services médico-sociaux pour l’année 2025. Ces dotations, réparties par Agence régionale de santé (ARS), concernent à la fois les structures accueillant des personnes âgées et celles destinées aux personnes en situation de handicap. Le montant total...