Tout le monde s’y attendait : les résultats annuels 2017 publiés en fin de semaine dernière par Humanis ne se sont pas avérés très bons. En particulier, les activités liées à l’assurance de personnes sont dans le rouge. Si les dirigeants du GPS promettent de rebondir au plus vite, certaines zones d’ombre demeurent dans l’immédiat quant aux mauvais chiffres de 2017.
Un millésime à oublier
Le principal enseignement contenu dans le communiqué de presse d’Humanis concerne la situation financière de la Sgaps Humanis Développement Solidaire, qui regroupe la Mutuelle Nationale Humanis, Radiance Groupe Humanis, la Mutuelle Renault, Humanis Prévoyance et l’IPSEC. Si les dirigeants du GPS tiennent à insister sur le fait que “la solidité financière d’Humanis Développement Solidaire est confirmée avec un ratio de solvabilité supérieur à 160 %”, ils n’en demeurent pas moins forcés de reconnaître que le résultat 2017 de la Sgaps n’est pas vraiment exceptionnel. Il s’établit en effet à près de – 300 millions d’euros, “- 298” millions pour être précis – et la précision est très importante dans certains cas…
Dans le détail, c’est Humanis Prévoyance, l’institution la plus importante de la Sgaps, qui contribue le plus au creusement du déficit. Son résultat net est de – 322 millions d’euros. Rappelons que ce déficit est dû à un renforcement des provisions en prévoyance, annoncé à la fin de l’année dernière. Les responsables d’Humanis se veulent, certes, rassurants, en rappelant que “le ratio de solvabilité [de l’IP] est supérieur à 150 %” – il s’élève en l’occurrence à 154 %. Rappelons qu’à sa dernière mesure, il frôlait les 200 %. Les représentants patronaux et salariaux qui administrent l’IP n’ont probablement pas sabré le champagne en annonçant de telles performances.
Des relativisations diverses
Afin de ne pas sombrer tout à fait dans la morosité, les dirigeants du GPS tentent bien de relativiser quelque peu les chiffres annoncés. D’une part, ils soulignent le fait que “le chiffre d’affaires combiné d’Humanis Développement Solidaire est stable à 2,4 milliards d’euros”. Humanis en profite ici pour dévoiler le nom de certains de ses nouveaux clients santé ou prévoyance : le Crédit coopératif, Secafi, In Vivo ou Savencia. Cette séquence positive est néanmoins quelque peu obscurcie par la baisse relevée de 1,9 % des cotisations encaissées par la Sgaps.
Parallèlement à cette mise en avant d’une stabilité légèrement déclinante du chiffre d’affaires, les calculs effectués par le groupe révèlent que “le renforcement des provisions en prévoyance pèse pour 1/3 sur la survenance 2017 et pour 2/3 au titre des survenances antérieures”. Autrement dit, d’après Humanis, “le résultat net du Groupe prenant uniquement en compte le renforcement des provisions au titre de la survenance 2017 s’établirait à – 82 millions d’euros”. Sans indiquer le chemin de Byzance, ce chiffre serait donc moins mauvais que celui de – 298 millions d’euros. Mais hélas pour les dirigeants du GPS, les choses étant ce qu’elles sont, c’est bel et bien ce chiffre de – 298 millions d’euros qu’il convient de tenir pour vrai.
Des éclaircies à l’horizon ?
Les responsables du GPS le promettent : les mauvais résultats de l’année 2017 ne devraient pas se reproduire de sitôt. Dès la fin de l’année dernière, des “mesures de rétablissement” ont été prises, avec pour objectif “un retour à l’équilibre en 2020” pour la Sgaps. Les provisions sont désormais sous étroite surveillance et “un exercice de revue des charges pour finaliser la trajectoire financière à moyen terme sera achevé avant la fin du mois de juin”. Plus généralement, le plan “Rebond 2018” va être mis en oeuvre, avec trois objectifs : “accroître la satisfaction des clients en assurance de personnes et retraite complémentaire” – une diminution de 10 % des résiliations clients est visée – “accélérer le développement commercial” – notamment en direction des PME et ETI, ainsi que des courtiers – et enfin, “améliorer la performance avec la maîtrise des risques et des charges”.
Afin de repartir de l’avant, Humanis entend notamment s’appuyer sur ses succès en matière d’épargne salariale : à 7,8 milliards d’euros, son encours a progressé de 4 % l’an passé, mais également sur ses “activités internationales” : offres destinées aux expatriés et partenariat avec Aetna International.
Quelques éléments à clarifier
Tels qu’annoncés par les dirigeants du groupe, les résultats de l’année 2017 ne permettent pas de tirer tout à fait au clair la situation comptable du GPS. Il faudra attendre la publication complète de ses comptes pour connaître le niveau exact du sous-provisionnement d’Humanis Prévoyance : le montant de son déficit ne dit en effet pas tout de ce niveau de sous-provisionnement.
Surtout, la communication officielle d’Humanis ne dit rien ou presque des raisons du déficit constaté dans les activité d’assurance de personnes. Si les dirigeants mettent l’accent, dans le cadre du plan “Rebond 2018”, sur le contrôle des “charges” de personnels et sur la “lutte contre la fraude”, il apparaît très improbable que ces deux facteurs soient vraiment à l’origine de la mauvaise passe du groupe. Ainsi, la “lutte contre la fraude” permettrait “d’économiser 3 millions de prestations indues”. A comparer au total… Là encore, la publication complète des bilans du groupe permettra probablement d’en savoir un peu plus. Du moins peut-on l’espérer.